Motion de censure : le discours de Faure et du Parti socialiste illustre le divorce avec la gauche à l’Assemblée

Le discours de Faure sur la motion de censure illustre le divorce avec la gauche

POLITIQUE - Motion de rupture. L’Assemblée nationale a examiné ce jeudi 16 janvier, la première motion de censure déposée contre le gouvernement de François Bayrou, deux jours après sa déclaration de politique générale. Une après-midi de débats qui a mis le Parti socialiste au centre des attentions et illustré, surtout, les dissensions à gauche.

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Signe de l’importance du moment : c’est Manuel Bompard et Olivier Faure, les dirigeants des deux formations rivales au sein du NFP, qui ont pris la parole à la tribune en lieu et place de leurs présidents de groupe (Mathilde Panot et Boris Vallaud) comme c’est l’usage d’ordinaire. Le premier a donc présenté le texte signé par ses députés, les écologistes et les communistes en fustigeant un « gouvernement de malheur ».

Le second a, tout au contraire, confirmé que ses troupes n’appuieraient pas sur le bouton du missile parlementaire cette fois-ci, saluant plutôt l’état d’esprit qui a guidé les discussions avec l’exécutif jusqu’à présent. Une salle et deux ambiances, qui en disent long sur ces désaccords susceptibles de devenir des fractures béantes.

Faure salue les avancées et attaque LFI

Pour justifier le refus de son groupe, Olivier Faure a listé toutes les avancées (une quinzaine) qu’il estime avoir obtenues du Premier ministre. « Grâce à la négociation, il n’y aura pas de retour du gel des pensions de retraite, pas d’augmentation des taxes sur l’électricité, pas de déremboursement de la consultation chez les médecins, 12 000 postes de soignants crées ou maintenus, pas de passage d’un à trois jours de carence dans la fonction publique », a-t-il ainsi énuméré, donnant parfois l’impression singulière d’être plus allant sur ces textes budgétaires que les ministres et les députés censés le soutenir.

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De fait, les mots les plus rudes d’Olivier Faure sont descendus de la tribune pour s’abattre sur les insoumis. Bousculé par un chahut permanent, et par les diverses interpellations sur les bancs LFI, le Premier secrétaire du PS a effectivement laissé éclater une (brève) colère pour dénoncer l’attitude et la stratégie des mélenchonistes.

« Si vous êtes gênés, prenez la parole après moi. Mais si vous pensez que ce que je dis là n’a aucun intérêt pour les Français, qu’ils ne sont pas heureux de voir une gauche qui propose, une gauche qui avance, une gauche qui fait céder le gouvernement, alors dites-le ! », a-t-il ainsi fustigé à l’adresse des députés LFI remuants, sous les applaudissements nourris du bloc central. Et d’assumer, pour sa part, le refus de pratiquer « la politique du pire » qui pourrait conduire à « l’arrivée de l’extrême droite » au pouvoir.

Quelques secondes plus tôt, Manuel Bompard, le numéro 1 du mouvement de gauche radicale, avait pour sa part dénoncé « l’irresponsabilité » de ceux qui veulent « attendre encore quelques jours ou quelques semaines » pour se prononcer. Une pique limpide au Parti socialiste. Sans surprise, l’affrontement se poursuit hors de l’Assemblée nationale ce jeudi. Sur les réseaux sociaux ou dans les médias, nombreux élus ou dirigeants de la France insoumise ciblent sans retenue leurs partenaires. « Le PS fracture le NFP. Mais il capitule seul », assène par exemple le fondateur du mouvement Jean-Luc Mélenchon. À la fin de la journée, le gouvernement Bayrou va perdurer. Rien n’est moins sûr pour l’alliance des gauches.

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