Mosquées attaquées, manifestants violents... Tensions au Royaume-Uni après l'attaque de Southport
C'est l'image qui illustre les graves tensions en cours depuis le début de la semaine au Royaume-Uni et qui perdurent ce week-end des 3 et 4 août: une ligne de policiers séparant, le 2 août, d'un côté des manifestants formant une ligne de défense face à une mosquée de Liverpool et de l'autre des manifestants membres du mouvement anti-immigration "Enough is Enough", "Trop c'est Trop" en Français.
Ces derniers réagissent à l'attaque au couteau de Southport (ouest de l'Angleterre), le 29 juillet, dans laquelle trois enfants ont trouvé la mort. Une rumeur relayée par l'extrême droite affirmait que le suspect, un adolescent de 17 ans dont la famille a immigré depuis le Rwanda, était musulman. Il ne l'était pas, mais des lieux de cultes musulmans ont tout de même été visés.
Trois mosquées attaquées, des rassemblements samedi
Les mosquées sont des cibles affichées pour les manifestants, alors que des affrontements ont eu lieu dans plusieurs villes du pays. Celle de Southport a été visée par des jets de projectiles mardi et des dizaines de policiers qui la protégeaient ont été blessés. Mercredi, une mosquée a été visée à Hartlepool (nord) et une autre à Sunderland (nord) vendredi, où au moins un commissariat a également été incendié.
La police locale de Sunderland a évoqué "de graves niveaux de violences" alors que trois agents ont été hospitalisés et dix personnes arrêtées.
"Vous auriez dû écouter, Keir Starmer," a dit sur le réseau social X (anciennement Twitter) Tommy Robinson, le médiatique leader du groupe d'extrême droite Ligue de défense anglaise, que le gouvernement britannique envisage d'interdire selon le quotidien Evening Standard.
Des manifestations ont lieu ce samedi à Manchester (ouest de l'Angleterre) Stoke-on-Trent (ouest) et Belfast (Irlande du Nord), selon l'association britannique de lutte contre le racisme Hope Not Hate (L'espoir pas la haine). En début de journée, ma police prévoyaient également des rassemblements en Angleterre à Notthingham et Rotherham, ainsi qu'à Cardiff (pays de Galles).
Au cours de l'après-midi, des violences ont éclaté dans plusieurs villes, notamment à Liverpool, où les manifestants ont lancé des chaises, des briques et d'autres projectiles sur les forces de l'ordre, selon un photographe de l'AFP. Les médias locaux ont quant à eu signalé des violences à Manchester et Belfast.
Plus de 30 appels à manifester ont été lancés dans tout le Royaume-Uni, la plupart répondant au mot d'ordre "Enough is enough", largement diffusé sur les réseaux sociaux, selon un recensement de Hope Not Hate, cité par l'AFP.
Inquiétudes de la communauté musulmane
Plusieurs groupes d'extrême droite ont relayé des appels à manifester, dont la médiatique Ligue de défense britannique.
Le Conseil musulman de Grande-Bretagne a dénoncé les "groupes d'extrême droite" qui "crachent leur haine raciste" depuis l'attaque de Southport et "cherchent à intimider les communautés musulmanes et les mosquées". Il a appelé à la vigilance lors de la prière du vendredi dans les lieux de culte du pays.
Le ministère de l'Intérieur a mis en place un dispositif de protection pour les mosquées qui pourraient faire l'objet d'actes de haine. Toute mosquée peut se signaler auprès des autorités pour en bénéficier, mais les moyens de police ne seraient pas suffisants, selon le Conseil musulman.
La société Mosque Security, qui fournit des services de sécurité aux mosquées, a reçu des requêtes de "plus de 100 mosquées", sur les environ 2.000 que compte le pays, indique à l'AFP Shaukat Warraich, son directeur.
Condamnation presque unanime de la classe politique
"L'infime minorité sans cervelle de notre société qui a provoqué des désordres violents dans nos rues devra faire face à la pleine force de la loi", a promis Keir Starmer, le Premier ministre travailliste (centre-gauche), dénonçant lui aussi les actes des "voyous d'extrême droite".
L'ancienne ministre de l'Intérieur conservatrice Priti Patel, candidate pour prendre la tête du parti, a jugé les violences "totalement inacceptables", relève l'AFP.
Le député d'extrême droite et chef de file de la campagne pour le Brexit Nigel Farage a de son côté affirmé qu'il "ne soutient pas" les violences mais reproche au Premier ministre britannique de se focaliser sur l'extrême droite, qui ne serait selon lui qu'une réaction à "la peur, l'inconfort et le malaise" ressenti par "des dizaines de millions de personnes" à l'égard notamment de l'immigration, dont lui a fait une de ses priorités.