Le 21 janvier 2022, la petite Jenna, âgée de deux mois seulement, mourait au sortir d'un passage de six jours à l'hôpital Mercy de Metz. L'enfant a succombé à une déshydratation liée à une gastro-entérite aiguë. Un rapport d'expertise médico-légale, révélé jeudi par L'Est Républicain, a épinglé les erreurs du personnel hospitalier.

C'est une tragédie d'autant plus grande qu'elle aurait pu être évitée en employant davantage de vigilance. C'est du moins ce que traduit la lecture d'un rapport d'expertise médico-légale, révélé jeudi par L'Est Républicain, qui a fait la lumière sur la mort de Jenna Es Sahel il y a un an. Le nourrisson s'est éteint à l'âge de deux mois, emporté par la déshydratation au sortir d'un séjour à Centre hospitalier régional Mercy de Metz.

Les urgences puis l'unité de pédiatrie

La petite Jenna a expiré le 21 janvier 2022. Six jours auparavant, dans la nuit du 15 au 16 janvier, ses parents l'amènent aux urgences pédiatriques de l'hôpital Mercy. La petite, victime d'une gastro-entérite aiguë, est prise de vomissements et de diarrhées. Elle passe les 48 heures suivantes dans ce service d'urgence, avant d'être hospitalisée quatre jours durant au sein de l'unité de pédiatrie.

Les soignants ont pu se faire une première idée de l'état de l'enfant dès son arrivée aux urgences. Comme le signale le quotidien lorrain, l'interne qui procède à cet examen initial ne note "aucun signe de déshydratation", décrivant même un "bébé tonique et réactif", l'estimant seulement "fatigable".

La découverte d'une bactérie

Lorsque le nourrisson intègre le service de pédiatrie, on lui pose une perfusion pour le réhydrater. Rien n'y fait, la petite fille dépérit. Le bébé de deux mois perd un kilo en six jours à l'hôpital. Le personnel juge pourtant au terme de ces six journées que Jenna peut rentrer chez elle. Pour le plus grand désarroi de son père, Saïd, qui témoigne auprès de L'Est Républicain:

"Quand je suis arrivé à l’hôpital pour récupérer ma fille et ma femme qui était restée à ses côtés, j’ai vu la mort dans ses yeux".

Il s'ouvre aussitôt aux soignants de l'inquiétude que lui inspire l'aspect physique de sa fille. "Les médecins s’apprêtaient à nous donner les papiers et à nous laisser partir. Je leur ai demandé si pour eux ma fille avait l’air d’aller bien". Comme le montre une vidéo qu'il filme alors - et que L'Est Républicain a pu consulter -, l'enfant est livide, et a de grandes cernes noires sous les yeux.

Les parents prennent la route du médecin traitant de la famille afin qu'il examine leur fille. Mais l'hôpital les recontacte dans l'intervalle. On leur dit au téléphone que les analyses du laboratoire viennent de tomber, et qu'on a découvert une bactérie dans les urines de Jenna. Ils se dirigent alors vers l'hôpital de Forbach, une commune elle aussi mosellane mais plus proche du cabinet du médecin situé à Saint-Avold. Les équipes de l'hôpital local Marie-Madeleine prennent rapidement le bébé en charge mais Jenna meurt sur les coups de 20h.

La seconde tragédie

Le rapport d'expertise recense les erreurs et les fautes qui ont entraîné ce dénouement effroyable. Il évoque d'abord une perfusion intraveineuse "insuffisante". Pointant les "signes de déshydratation majeurs" exhibés par l'enfant à la fin de son séjour à l'hôpital Mercy, le document affirme qu'"une hydratation importante et urgente par voie intraveineuse était indiquée" et que son hospitalisation "devait être poursuivie". A fortiori dans le cas d'"une infection urinaire chez un nourrisson de moins de trois mois".

"Ce rapport détaille l’agonie de mon enfant. Il y a là les différents témoignages des soignants. J’y ai découvert les derniers instants de ma fille", a commenté Saïd Es Sahel auprès de L'Est Républicain.

La mort de Jenna est de surcroît la seconde tragédie traversée par le couple. Un an avant la naissance de cette dernière, les époux avaient en effet perdu leur fils, Reda, emporté par une cardiomyopathie. Il avait huit mois.

Article original publié sur BFMTV.com

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