Moscou prolonge la suspension des bombardements à Alep

Un camp de réfugiés au nord de la ville d'Alep. Moscou a annoncé mardi que la suspension des bombardements aériens à Alep serait prolongée pour un neuvième jour consécutif et a assuré que les avions syriens et russes n'avaient mené aucun raid à Alep depuis sept jours. /Photo prise le 10 octobre 2016/REUTERS/ Khalil Ashawi

par Andrew Osborn et Lisa Barrington MOSCOU/BEYROUTH (Reuters) - Moscou a annoncé mardi que la suspension des bombardements aériens à Alep serait prolongée pour un neuvième jour consécutif et a assuré que les avions syriens et russes n'avaient mené aucun raid à Alep depuis sept jours, ce qui contredit l'OSDH d'après lequel les raids aériens ont repris samedi contre certains secteurs de la ville. Selon le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère de la Défense, l'aviation russe et syrienne n'a ni survolé ni bombardé la ville depuis mardi dernier, jour où Moscou avait suspendu ses frappes aériennes en préalable à une pause dans les hostilités au sol. "Le survol d'Alep par les forces russes et syriennes a totalement cessé depuis sept jours", a déclaré le porte-parole. Les six corridors humanitaires destinés à permettre le départ des habitants des quartiers d'Alep contrôlés par les rebelles sont toujours ouverts, a ajouté le ministère de la Défense. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les frappes aériennes ont bel et bien repris samedi, touchant la ligne de front dans le sud-ouest de la ville. Aucun décès n'a été signalé dans la partie orientale d'Alep, ajoute l'OSDH, ce qui laisse penser qu'il n'y a pas eu d'attaque aérienne contre ce secteur-là de la ville. Et pour Ibrahim Abou al Laïs, l'un des responsables de la défense civile à Alep-Est, des raids aériens et des pilonnages ont bien visé la moitié rebelle de la ville, au cours de la semaine écoulée, même s'il y en a eu sensiblement moins que d'ordinaire. Certains quartiers des faubourgs à l'ouest d'Alep ont été la cible de raids aériens mardi, indique l'OSDH. L'Onu a annoncé lundi qu'elle renonçait à ses plans d'évacuation des civils en reprochant à toutes les parties au conflit d'avoir fait obstacle à un accord. UN GROUPE NAVAL RUSSE FAIT ROUTE VERS LA SYRIE "Les évacuations ont été empêchées par divers facteurs, dont les délais avec lesquels les autorités (rebelles) d'Alep-Est ont donné les feux verts nécessaires, les conditions posées par les groupes armés non étatiques et les objections du gouvernement syrien à l'acheminement de l'aide médicale et humanitaire dans la partie orientale de la ville", déclare le sous-secrétaire général pour les Affaires humanitaires de l'Onu, Stephen O'Brien, dans un communiqué. Moscou avait annoncé une "pause humanitaire" de quelques heures pour jeudi dernier à Alep mais a dans les faits suspendu ses bombardements pendant trois jours en appelant les insurgés et les civils à saisir cette opportunité pour quitter la ville. Un tel exode ne s'est pas produit même si, d'après le ministère russe de la Défense, une cinquantaine de femmes et enfants ont fui la ville lundi soir "avec l'aide de la Russie". La population d'Alep-Est est estimée à environ 250.000 personnes et l'Onu, qui n'a plus aucun accès aux quartiers insurgés depuis que les forces pro-gouvernementales ont achevé leur encerclement en juillet, a indiqué qu'aucun civil n'avait pu être évacué de la ville ces derniers jours. De son côté, l'Otan a appelé mardi Moscou à mettre en place un cessez-le-feu durable à Alep et dit craindre que le groupe naval russe qui se dirige actuellement vers la Syrie ne serve à bombarder les civils pris au piège dans la ville. Parti du nord de la Russie, ce groupe naval, qui a franchi la Manche vendredi et se rapproche de Gibraltar, se compose de huit bâtiments : le seul porte-avions russe, l'Amiral-Kouznetsov, un croiseur à propulsion nucléaire, deux navires anti-sous-marins et quatre navires de soutien, selon des responsables de l'Otan. A bord du porte-avions se trouvent des dizaines de chasseurs-bombardiers et d'hélicoptères. Les huit navires de ce groupe naval vont rejoindre la dizaine de bâtiments de guerre russes d'ores et déjà au large de la Syrie, ont déclaré des diplomates. (Avec Robin Emmott à Bruxelles et Maria Kiselyova à Moscou; Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)