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Moscou appelle l'Arménie et l'Azerbaïdjan à respecter le cessez-le-feu dans le Haut-Karabakh

MOSCOU APPELLE L'ARMÉNIE ET L'AZERBAÏDJAN À RESPECTER LE CESSEZ-LE-FEU DANS LE HAUT-KARABAKH

EREVAN/BAKOU (Reuters) - La Russie a de nouveau appelé mercredi l'Arménie et l'Azerbaïdjan à cesser les combats dans et autour de la région enclavée du Haut-Karabakh alors que les deux camps belligérants continuent de s'accuser mutuellement de violer le cessez-le-feu entré en vigueur samedi.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a demandé par téléphone à ses homologues azerbaïdjanais et arménien de "pleinement respecter les engagements" pris dans le cadre du cessez-le-feu humanitaire négocié avec Moscou.

Les combats ont repris le 27 septembre dernier dans le Haut-Karabakh, situé en territoire azerbaïdjanais mais majoritairement peuplé d'Arméniens, et ont déjà fait plus de 555 morts dans les rangs de l'armée séparatiste qui a annoncé la 23 nouvelles pertes mercredi soir.

Le président azerbaïdjanais Ilan Aliev a accusé mercredi l'Arménie de mener des attaques sur les gazoducs situés dans son pays. "Si l'Arménie tente de prendre le contrôle des pipelines là-bas, je peux dire que les conséquences seront sévères pour eux", a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision turque Haberturk.

De son côté, le ministère de la Défense azerbaïdjanais a averti qu'il détruirait toutes les installations militaires en Arménie utilisées pour viser des civils.

Bakou avait auparavant accusé les forces arméniennes d'avoir attaqué les positions de son armée le long de la ligne de front et d'avoir pilonné les secteurs de Tartar, Aghjabedi et Aghdam.

Le bureau du procureur de l'Azerbaïdjan a fait état d'un nouveau décès parmi les civils et de plusieurs blessés, dont des journalistes azerbaïdjanais. Bakou ne communique pas sur ses pertes militaires.

MOSCOU TANCE ANKARA

Dans le camp arménien, le ministre de la Défense des autorités séparatistes du Haut-Karabakh a accusé les forces azerbaïdjanaises d'avoir lancé des attaques à l'artillerie et des roquettes dans plusieurs régions. D'autres responsables chargés de la défense de la région séparatiste ont déclaré que leurs forces avaient abattu un avion de chasse azerbaïdjanais, mais l'Azerbaïdjan a démenti cette affirmation.

La reprise des combats fait craindre une internationalisation de ce conflit remontant à l'effondrement de l'Union soviétique: la Turquie soutient l'Azerbaïdjan tandis que la Russie est liée à l'Arménie par un accord de défense.

Mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est dit en désaccord avec la position turque et a rejeté une solution militaire au conflit, la jugeant "inacceptable".

"Nous ne sommes pas d'accord avec la position exprimée par la Turquie, qui a également été exprimée à plusieurs reprises par le président Aliev", a-t-il déclaré lors d'une interview radiodiffusée.

"Ce n'est pas un secret que nous ne pouvons pas être d'accord avec une déclaration selon laquelle une solution militaire au conflit est permise", a-t-il dit.

Dans un entretien mardi à Reuters, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé la Turquie de vouloir se renforcer dans la région du Caucase du Sud dans le cadre de ce qu'il a appelé les "ambitions expansionnistes" d'Ankara.

La Turquie a démenti et a appelé les forces arméniennes à se retirer du Haut-Karabakh pour résoudre le conflit.

LE BILAN S'ALOURDIT

Les nouveaux combats entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont les plus violents depuis l'accord de cessez-le-feu conclu en 1994, qui a mis fin à une guerre ayant fait au moins 30.000 morts.

Les responsables du Haut-Karabakh ont déclaré mardi que 532 militaires avaient été tués depuis la reprise des combats le 27 septembre. Ils n'avaient pas encore mis à jour le bilan des morts mercredi.

Côté azerbaïdjanais, le dernier décès rapporté par le procureur général semble porter le bilan à 43 morts civiles depuis le 27 septembre.

Le "Groupe de Minsk" - mis en place par l'OSCE en 1992 pour aider à la médiation dans le Haut-Karabakh - a appelé mardi les dirigeants des deux camps à mettre en oeuvre le cessez-le-feu pour éviter "des conséquences catastrophiques pour la région".

Le groupe, composé de 11 membres, est présidé par les États-Unis, la Russie et la France. La Turquie en est également membre mais n'est pas impliquée dans les négociations sur le Haut-Karabakh.

(Nailia Bagirova et Nvard Hovhannisyan avec Margarita Antidze à Tbilissi; version française Blandine Hénault, édité par Henri-Pierre André)