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"Elle est morte pour la Nation": l'éloge funèbre très patriotique d'Alexandre Douguine aux obsèques de sa fille Daria

Alexandre Douguine auprès du cercueil et du portrait de sa fille, Daria, lors de ses obsèques le 23 août 2022 à Moscou.  - Kirill Kudryavtsev
Alexandre Douguine auprès du cercueil et du portrait de sa fille, Daria, lors de ses obsèques le 23 août 2022 à Moscou. - Kirill Kudryavtsev

Les circonstances de la mort Daria Douguina demeurent troubles - la Russie accusant les services de renseignement de l'Ukraine qui nie pour sa part avoir commandité le crime. En parallèle, ses proches et plusieurs centaines de Moscovites ont enterré mardi cette politologue de 29 ans, tuée trois jours auparavant, dans l'explosion de son véhicule.

Au premier rang de l'assistance figurait son père, l'intellectuel réactionnaire et nationaliste, Alexandre Douguine, dont elle partageait les positions extrémistes. L'auteur, âgé de 60 ans et dont la pensée est alignée sur les visions impérialistes du Kremlin, a pris la parole lors de cette cérémonie et devant les caméras.

"Elle est morte au front"

"Elle n'avait peur de rien, vraiment. La dernière fois que nous nous sommes parlés, c'était au festival Traditions. Elle m'a dit: 'Papa, je me sens comme une guerrière. Je me sens comme une héroïne. J'ai envie d'être comme ça. Je ne veux aucun autre destin, j'ai envie d'être avec mon peuple, mon pays'", a-t-il affirmé.

C'est d'ailleurs au retour de cet événement que Daria Douguina a perdu la vie. Tandis que sa fille était elle aussi un fervent soutien de l'invasion de l'Ukraine, Alexandre Douguine a affirmé:

"Elle est morte au front pour la nation, pour la Russie. Le front, il est ici".

Un engagement nationaliste qui provient de l'éducation ultranationaliste que lui a inculquée son père comme celui-ci l'a retracé dans son discours: "Parmi les premiers mots que nous lui avons enseignés, dans son enfance, il y a évidemment 'Russie', 'notre puissance', 'notre peuple', 'notre empire'".

Les condoléances de Poutine

Le philosophe a d'abord été dépeint comme l'éminence grise de Vladimir Poutine. Mais l'influence d'Alexandre Douguine sur l'autocrate divise les observateurs. Pour l'essayiste spécialiste de la Russie, Michel Eltchaninoff, que nous recevions ce mercredi sur notre antenne, il n'en reste pas moins que les deux personnages raisonnent à l'unisson.

"Si Poutine ne passe pas des coups de fil à Douguine tous les matins pour savoir ce qu'il doit faire, il a été influencé par sa pensée extrême", a-t-il assuré, avant de définir cette dernière: "Douguine fait depuis au moins 20 ans l'apologie d'une Russie devant entrer dans une guerre de civilisation à mort" (contre les occidentaux, NDLR).

Si la connexion entre Alexandre Douguine et Vladimir Poutine est donc sujette à caution, le président de la Fédération de Russie n'a pas manqué de se fendre d'un message de condoléances en marge des obsèques. Il y a condamné un "crime ignoble, cruel", qui a "mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina", qu'il a décrite comme "une personne brillante et talentueuse dotée d'un coeur véritablement russe".

Son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a tempêté mardi: "C'était un crime barbare pour lequel il ne saurait y avoir de pardon (...). Il ne peut y avoir aucune pitié pour les organisateurs, les commanditaires et les exécutants".

Article original publié sur BFMTV.com