"Morte en criant à l'agonie": les secrets d'une momie découverte la bouche grande ouverte révélés?

Elle ressemble étrangement au Cri d'Edvard Munch. Depuis 90 ans, une momie égyptienne antique déconcerte les experts en archéologie de par son expression faciale surprenante. Et pour cause. La bouche grande ouverte, les sourcils froncés, les traits tirés... La momie, vieille de 3.500 ans, donne l'impression de hurler à la mort.

Des chercheurs affirment désormais avoir la raison de cette expression: la femme est morte en criant à l'agonie. Dans une étude publiée ce vendredi 2 août dans la revue Frontiers in Medicine, ils soutiennent que l'expression faciale de la femme décédée pourrait être causée par une forme rare et immédiate de rigidité cadavérique.

Un "spasme cadavérique"

Bien que la cause exacte de sa mort reste un mystère, les experts suggèrent que la femme momifiée pourrait avoir été victime d'un événement rare connu sous le nom de "spasme cadavérique" au moment de sa mort. Ce phénomène rare a pour effet de figer les muscles dans la position exacte où se trouve la personne au moment de sa mort, immortalisant de surcroît ses souffrances.

"L'expression faciale criarde de la momie pourrait être interprétée comme un spasme cadavérique, impliquant que la femme est morte en criant à l'agonie", a indiqué Sahar Saleem, professeur de radiologie à l'université du Caire.

Cette nouvelle découverte a été possible grâce à la tomodensitométrie (TDM) capable de "disséquer virtuellement" la momie. Cette avancée scientifique remet ainsi en question une croyance antérieure selon laquelle l'expression douloureuse de la femme était le résultat d'un mauvais embaumement.

Les causes du décès restent floues

La "femme hurlante" a été découverte en 1935 lors d'une expédition archéologique à Deir el-Bahari en Égypte, à proximité de la ville de Louxor, sous la tombe de Senmut, un architecte important sous le règne de la pharaonne Hatchepsout, précise The Guardian.
Conservée dans un cercueil en bois, les jambes étendues et les bras repliés au-dessus de l'aine, la momie, mesurant 1,5 mètre environ, portait une perruque noire faite de fibres de palmier et deux bagues de scarabée en or et en argent à la main gauche.

Les différents scanners ont montré qu'elle avait perdu ou cassé un certain nombre de dents et qu'elle souffrait d'une légère arthrite de la colonne vertébrale. Plus étonnant, contrairement aux méthodes de momification classiques, ses organes étaient toujours présents, ce qui laissait supposer à l'origine une mauvaise momification. En effet, selon les techniques d'embaumement traditionnelles, les organes, à l'exception du cœur, sont généralement retirés du corps.

"Ceci, ainsi que l'apparence bien préservée de la momie, contredit la croyance traditionnelle selon laquelle l'absence d'ablation des organes internes impliquait une mauvaise momification", a souligné Sahar Saleem.

Malgré les conclusions de l'équipe d'archéologues, la cause du décès reste incertaine. D'autres chercheurs suggèrent que l'expression criarde de la momie pourrait être le résultat de procédures d'enterrement ou de changements survenus après la mort.

"Je ne pense pas vraiment que ce spasme aurait été quelque chose que l'embaumeur aurait essayé de conserver pour l'éternité. Je pense donc que [l'expression] est due à quelque chose d'autre", a soutenu Salima Ikram, professeur émérite à l'université américaine du Caire ajoutant que le processus de dessiccation pendant la momification dure 40 jours. "Il est certain qu'ils auraient pu réarranger ses traits [pendant cette période]", a ajouté la professeure.

Article original publié sur BFMTV.com