Mort du président zambien, le "Roi Cobra" Michael Sata

Le président zambien Michael Sata, qui était soigné à Londres, est décédé mardi dans la capitale britannique. /Photo d'archives/REUTERS/Noor Khamis

par Chris Mfula LUSAKA (Reuters) - Le président zambien Michael Sata, surnommé le "roi Cobra" pour son style caustique et sa langue acérée, est mort mardi à Londres où il était soigné, a annoncé mercredi le gouvernement zambien. L'intérim a été confié à son vice-président, Guy Scott, premier blanc à accéder à la tête d'un Etat en Afrique subsaharienne depuis la défaite électorale de Frederik de Klerk face à Nelson Mandela en 1994 en Afrique du Sud. "Les élections au poste de président auront lieu dans un délai de 90 jours. Dans l'intervalle, je serai le président par intérim", a-t-il annoncé dans une courte allocution télévisée. Né de parents écossais, cet économiste formé à Cambridge ne devrait pas pouvoir se présenter à ce scrutin du fait de restrictions encadrant les règles de citoyenneté, notent des analystes. Michael Sata, connu pour ses attaques contre les compagnies minières étrangères, est mort mardi soir à Londres à l'âge de 77 ans. "Comme vous le savez, le président était soigné à Londres", a déclaré Roland Msiska, le secrétaire général du gouvernement zambien, à la télévision publique. "Le chef de l'Etat est décédé le 28 octobre. La disparition du président Sata est profondément regrettée." La cause de son décès mort n'a pas été précisée. Mais le président, en poste depuis 2011, était malade depuis quelques temps. Le 20 octobre, la présidence avait annoncé dans un court communiqué qu'il avait quitté la Zambie la veille pour se faire soigner dans la capitale britannique. D'après le site d'information Zambian Watchdog, il est mort à l'hôpital King Edward VII. Le ministre de la Défense, Edgar Lungu, secrétaire général du Front patriotique, le parti de Michael Sata, devrait être le candidat du parti présidentiel pour l'élection présidentielle anticipée, estiment des politologues. C'est lui qui a présidé la semaine dernière les cérémonies marquant le 50e anniversaire de l'indépendance du pays. UNE FIGURE DE DIVISION Selon les analystes, le président Sata, qui n'hésitait pas à aller à la confrontation, ne sera pas regretté par les investisseurs. "Le président Sata était une figure de division pour la Zambie sur le front économique, partisan de mesures toujours plus autoritaires et de circonstances contre le secteur minier ces dernières années, ce qui avait freiné l'investissement", commente la société de consultants sud-africaine ETM. "Le décès du président pourrait ouvrir la voie à une administration plus réformiste et contribuer à lever l'incertitude politique au sens large." Michael Sata avait exercé les métiers les plus divers avant d'arriver à la tête de l'Etat. Il avait été tour à tour policier, syndicaliste, ouvrier assembleur de voitures et balayeur à la gare Victoria à Londres. Les interrogations sur sa santé étaient nombreuses. En juin, il avait disparu de la vie publique sans explication. On avait dit à l'époque qu'il était soigné en Israël. En septembre, il n'avait pas prononcé un discours prévu à l'Assemblée générale des Nations unies. On avait dit alors qu'il était tombé malade à son hôtel de New York. Quelques jours auparavant, il avait assisté à l'ouverture de la session parlementaire à Lusaka en lançant, sur le ton de la plaisanterie: "Je ne suis pas mort." Ce trait était typique d'un style qui ne s'embarrassait pas de formules diplomatiques. Lors de la présidentielle de 2008, alors que les résultats le donnaient battu par Rupiah Banda, il avait dit à des journalistes de la BBC: "Je n'ai pas (encore) perdu, bordel! Alors ne me faites pas perdre de temps." En 2011, il avait pris sa revanche sur Banda. Il y a près d'un an, Sata avait menacé de retirer la licence minière de la mine de cuivre de Konkola, premier employeur de Zambie, qui avait fait connaître son intention de licencier 1.500 personnes. (Avec Ed Cropley; Mathilde Gardin, Danielle Rouquié et Henri-Pierre André pour le service français)