Ce que la mort de Yahya Sinouar peut changer dans la guerre Israël-Hamas
Le chef du Hamas a été tué par l’armée israélienne. Mais le conflit n’est pas encore terminé.
INTERNATIONAL - Un énorme coup porté au Hamas dont les conséquences restent floues. Israël a annoncé, jeudi 17 octobre en fin de journée, la mort du chef du mouvement islamiste Yahya Sinouar, un peu plus d’un an après les attaques meurtrières contre l’État hébreu.
Pour Benjamin Netanyahu, la mort de Yahya Sinouar marque le début de « l’après Hamas »
Yahya Sinouar était considéré comme le cerveau de l’attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, qui a plongé la région dans un conflit sanglant. Sa mort, beaucoup d’Israéliens en faisaient « une affaire personnelle », notamment pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui s’est fixé comme but de guerre l’éradication du Hamas, souligne auprès de l’AFP Michael Horowitz, expert pour le cabinet de conseil en sécurité Le Beck.
Mais que peut changer son décès dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza ? « Le Hamas a été considérablement affaibli. La mort de Sinouar, avec celle de Mohammed Deif [le chef de la branche armée du Hamas qu’Israël a affirmé avoir tué en juillet] est une accumulation de coups », abonde Michael Horowitz. Mais « il ne va pas disparaître simplement comme cela », ajoute le chercheur.
Vers un nouvel accord ?
Pour les analystes interrogés, la principale conséquence de cette mort pourrait être une reprise des négociations pour un cessez-le-feu et la libération des otages. Menées depuis plus d’un an sous l’égide des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte, les négociations – qui n’ont permis qu’une semaine de trêve fin 2023 et la libération d’otages contre des prisonniers palestiniens – n’ont plus jamais abouti et se sont heurtées à l’intransigeance des deux belligérants.
« L’élimination de Sinouar est une occasion pour la libération immédiate des otages et ouvre la voie à un changement profond à Gaza : sans le Hamas et sans le contrôle de l’Iran », a affirmé le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz dans un communiqué. Pour Elliot Abrams, chercheur au Council on foreign relations (CFR), sa mort peut « changer la donne » et « rendre un accord plus facile ».
« Sinouar était considéré comme l’un des principaux obstacles à un accord, même s’il n’était pas le seul. Sa mort peut être une occasion de changer la dynamique » si le gouvernement israélien « saisit l’opportunité » et Sinouar est « remplacé par quelqu’un qui a des vues différentes », estime pour sa part Michael Horowitz.
La fin de la guerre n’est pas pour tout de suite
Tous les analystes le disent : la mort de Sinouar va accroître la pression sur le gouvernement israélien pour ramener les otages. Le collectif des familles d’otages « Bring them home now » a salué sur X « l’élimination du leader du Hamas à Gaza » et demandé « que cette avancée majeure soit mise à profit pour parvenir à un accord immédiat visant à garantir le retour des otages » afin de « transformer cet exploit militaire en un exploit diplomatique ».
Faut-il s’attendre à la fin de la guerre ? Sur ce sujet, les analystes interrogés se montrent beaucoup plus prudents. « C’est une hypothèse crédible », juge David Khalfa, spécialiste de la région et auteur de Israël Palestine, année zéro (éditions du Bord de l’eau). « Netanyahu pourrait déclarer le Hamas défait et calmer sa base et ses alliés d’extrême droite en leur offrant ce trophée. »
« Mais il ne faut pas sous-estimer le fanatisme de certains de ses alliés, qui rêvent de recoloniser le nord de la bande de Gaza » et vont peut-être vouloir pousser leur avantage, prévient-il. Les analystes pointent également l’absence de but stratégique d’Israël autre qu’une « victoire totale » et le refus du gouvernement israélien des discussions avec l’autorité palestinienne, encore moins la possibilité d’un État palestinien.
Benjamin Netanyahu a lui-même déclaré que « le Mal a pris un coup sévère, mais la tâche qui nous attend n’est pas encore terminée », appelant les membres du Hamas à relâcher les otages. « C’est le début de la fin » de la guerre à Gaza, a-t-il ajouté. Quant au chef d’État-major de l’armée, le général israélien Herzi Halevi, il a aussi mis en garde : la guerre « ne s’arrêtera pas » avant la capture de tous les auteurs de l’attaque du 7 octobre et le retour de « tous les otages » retenus à Gaza.
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