Mort du trompettiste Hugh Masekela, géant sud-africain du jazz

Hugh Masekela, à Johannesburg en 2008.

Symbole du panafricanisme et virtuose de la trompette, le musicien est décédé ce mardi à Johannesburg.

Tout Hugh Masekela tient dans ces quelques minutes filmées en 1986, lors d’une soirée intitulée «Freedom Beat». Face à une foule immense, le trompettiste sud-africain s’apprête à jouer une version d’anthologie de Coal Train (Stimela), qu’il a écrit douze ans plus tôt. Il prend alors la parole, pour évoquer ces trains de l’enfer qui convoyaient les mineurs de son «cher» pays, l’Afrique du Sud, soumis à l’Apartheid, avant de creuser lui-même au fond de ses entrailles pour en extraire un solo de bugle couleur deep blues. «Il y a un train qui vient de Namibie et du Mozambique, du Swaziland et du Lesotho, qui amène des jeunes et vieux Africains à la conscription dans les mines d’or de Johannesburg, seize heures par jour pour presque rien.» Et d’en terminer en mimant le souffle de cette machine qui broyait inexorablement toute vie.

Hugh Masekela est né le 4 avril 1939 dans un township du Mpumalanga, région riche en or et charbon. Encore tout jeune, au moment où se met en place le «Group Areas Act» qui délimite des zones pour chaque groupe racial, il suit sa grand-mère qui s’installe à Soweto. Ce sera, par l’un de ces paradoxes qu’offrent certains destins contrariés, la chance de sa vie. Le gamin, déjà initié au piano, monte un groupe de jazz sous l’impulsion d’un père britannique bientôt expulsé vers Etats-Unis pour ses idées trop «émancipatrices». Tenace, l’homme visiblement de foi prêchera pour le jeune Masekela auprès de Louis Armstrong, qui lui aurait envoyé une trompette. Sa renommée en est d’autant plus amplifiée, son chemin tout tracé. Il n’ira néanmoins pas sans embûches.

Alors qu’il vient de s’illustrer dans la comédie musicale King Kong, où il rencontre sa future épouse Miriam Makeba, et alors qu’il vient d’intégrer les Jazz Epistles, où il côtoie le gotha du jazz sud-africain (Dollar Brand, Kippie Moeketsi et Jonas Gwangwa), le précoce talent choisit de fuir le (...)

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