Mort de Thomas à Crépol : un an après les faits, deux manifestations à Romans-sur-Isère

 Deux manifestations ont eu lieu à Romans-sur-Isere un an après la mort de Thomas, l’une organisée par un groupe d’ultra-droite, l’autre par des syndicats et des organisations de gauche. (Photo Emmanuel PEUCHOT / AFP)
EMMANUEL PEUCHOT / AFP Deux manifestations ont eu lieu à Romans-sur-Isere un an après la mort de Thomas, l’une organisée par un groupe d’ultra-droite, l’autre par des syndicats et des organisations de gauche. (Photo Emmanuel PEUCHOT / AFP)

FAITS DIVERS - Deux hommages bien distincts ont eu lieu ce samedi 30 novembre à Romans-sur-Isère, marquant le premier anniversaire de la mort de Thomas à Crépol. Bien que les deux manifestations aient été organisées pour la même raison, leurs objectifs divergeaient fortement : l’une cherchait à « tirer des leçons politiques » de ce drame, tandis que l’autre dénonçait la « récupération » opérée par l’ultradroite.

Mort de Thomas à Crépol : quatre mois après les faits, la justice ne sait toujours pas qui l’a tué

Environ 200 personnes se sont rassemblées au centre-ville à l’initiative du groupe d’ultradroite « Justice pour les nôtres », selon un chiffre de la préfecture. Ce groupe appelait, un an après la mort de Thomas, 16 ans, tué lors d’un bal à Crépol en novembre 2023, à rendre hommage l’adolescent, ainsi qu’à Nicolas Dumas, un autre jeune homme tué devant une discothèque ardéchoise il y a deux mois, tous deux qualifiés de « victimes de l’immigration ».

Massés sur une place pour des discours et une Marseillaise, certains participants se sont enveloppés dans un drapeau français, pour un « hommage revendicatif », selon Raphaël Ayma, porte-parole de « Justice pour les nôtres », qui a appelé à « tirer des leçons politiques ».

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« On est des militants politiques qui ressentent de l’empathie vis-à-vis de Thomas, qui se sentent touchés », souligne-t-il. « Aujourd’hui, vous avez une jeunesse qui effectivement ne se contente plus de juste aller voter tous les cinq ans et qui sort dans la rue pour exprimer ses idées ».

Sur une pancarte s’affichent pêle-mêle des portraits de Thomas, mais aussi de Samuel Paty ou de Philippine, étudiante de 19 ans dont le corps avait été découvert enterré à Paris dans le bois de Boulogne : « nos frères, nos sœurs, nos enfants. Pas des faits divers ».

Une marche « contre la récupération raciste »

Environ 800 personnes se sont rassemblées à l’initiative de syndicats et organisations de gauche selon la préfecture. Dans leur cortège, des militants de la Jeune garde, des sympathisants LFI ou CNT, mais aussi des jeunes du quartier de la Monnaie, a constaté un journaliste de l’AFP.

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« Face aux racistes, Romans résiste », a-t-on pu lire sur la banderole en tête de cortège. « C’est important pour nous pour dire que Romans n’est pas une ville d’extrême-droite, que malgré le fait que l’ultra-droite nous a mis sur une carte et à leur agenda politique, nous, sur le terrain, on a envie de dire stop à ça », a expliqué à l’AFP Julie Maurel, membre du Collectif pour Romans.

Dans le cortège, la mère de Zakaria, 15 ans, originaire du quartier de La Monnaie et tué en avril en s’interposant dans une altercation. Durant la marche, les manifestants ont observé une minute de silence « pour Zakaria et tous ceux qui sont tombés ».

« On manifeste avec Thomas, Zakaria, Nicolas et tous les enfants morts de violences aveugles dans nos têtes, dans nos coeurs. Mais là, vraiment, l’enjeu pour nous ce n’est pas du tout d’instrumentaliser ces morts-là, c’est vraiment d’être contre la récupération raciste qui est faite de notre territoire et de notre population », a insisté Julie Maurel.

Deux manifestations d’abord interdites, puis autorisées

Les deux manifestations avaient dans un premier temps été interdites par la préfecture qui craignait « troubles importants et des affrontements idéologiques ». Le tribunal administratif de Grenoble a finalement levé ces interdictions.

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Un important dispositif de sécurité avait été déployé dans la ville et les deux rassemblements se sont tenus à distance (un peu plus d’1 km environ au plus près) et à des horaires légèrement décalés. « Les évènements se sont déroulés dans le calme et aucun trouble n’a été constaté », a indiqué la préfecture. Elle a signalé « quelques saisies de matériel interdit » lors de cette manifestation qui ont donné lieu à « deux interpellations ».

Après la mort de Thomas, le quartier la Monnaie avait été notamment pris pour cible lors d’une manifestation aux allures d’expédition punitive, car certains suspects dans le dossier sont originaires de ce quartier populaire. Dans l’enquête sur ce meurtre, 14 personnes ont été mises en examen mais l’auteur du coup mortel n’a pas été identifié. L’instruction toujours en cours doit permettre de déterminer les responsabilités de chacun.

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