Mort de Shaoyao Liu: non-lieu confirmé pour le policier qui a tué le père de famille chinois en 2017

La mort de Shaoyao Liu avait déclenché la colère de la communauté chinoise lors de plusieurs manifestations d'une ampleur inédite en 2017.
 - Benjamin CREMEL / AFP
La mort de Shaoyao Liu avait déclenché la colère de la communauté chinoise lors de plusieurs manifestations d'une ampleur inédite en 2017. - Benjamin CREMEL / AFP

La cour d'appel de Paris a confirmé mardi le non-lieu accordé au policier qui a tué d'une balle Shaoyao Liu, un père de famille chinois, lors d'une intervention à son domicile en 2017 à Paris. Sa mort avait déclenché la colère de la communauté chinoise lors de plusieurs manifestations d'une ampleur inédite.

Pourvoi en cassation

La famille Liu avait fait appel du non-lieu accordé le 11 juillet 2019 au policier, qui n'a pas été mis en examen dans cette enquête pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et s'est vu accorder le bénéfice de la légitime défense.

"Nous avons l'impression d'une duplicité entre la police et la justice: des juges ne veulent pas se mettre mal avec les policiers qui mènent leurs enquêtes", a dénoncé l'avocat de la famille, annonçant un pourvoi en cassation.

L'avocate du policier n'était pas joignable dans l'immédiat.

Le 26 mars 2017 peu après 20h, la police s'était rendue dans une cité du 19e arrondissement, alertée par un voisin qui avait signalé la présence de Shaoyao Liu, très agité et tenant à la main ce qu'il croyait être un couteau. Craignant un danger, les policiers, deux hommes et une femme équipés d'un fusil d'assaut et de pistolets, avaient enfoncé la porte du domicile. Une poignée de secondes plus tard, Damien V. tirait un coup de feu, touchant mortellement au coeur Shaoya Liu, 56 ans, sous les yeux de ses enfants.

"Il me plante"

Selon la version des policiers, la victime venait d'agresser avec ses ciseaux le porteur du fusil d'assaut. "Il me plante !" aurait crié ce dernier, provoquant le tir de riposte de son collègue. Pour les enfants Liu, jamais leur père n'a porté la main sur personne: la lame était une paire de ciseaux, qui lui servait à écailler du poisson. Un voisin, témoin depuis le couloir, assure qu'il n'a jamais entendu les policiers crier "il me plante" avant le coup de feu.

Le témoin a décrit une "intervention extrêmement violente et en décalage total avec la situation", par des policiers "peu en maîtrise". En parallèle, un juge des référés à Paris a ordonné le 26 octobre une expertise pour déterminer l'ampleur du préjudice subi par la veuve Liu et ses quatre enfants, préalable à une action en responsabilité de l'Etat pour faute lourde.

De son côté, l'ancien Défenseur des droits Jacques Toubon avaient recommandé des sanctions disciplinaires contre les policiers pour leur "manque de discernement" et la mauvaise prise en charge des enfants, retenus deux heures sans assistance après le drame.

Article original publié sur BFMTV.com