Mort de Samy 3 ans, asphyxié: la demande de mise en liberté de la mère rejetée
Samy, 3 ans, est décédé il y a 11 mois. De longs mois d'enquête qui n'ont pas dévoilé l'horreur de ce crime, mais qui révèlent, au fil des investigations, des détails sordides sur les circonstances dans lesquelles le petit garçon a trouvé la mort dans la nuit du 15 au 16 novembre 2023.
Ce mardi 20 août, Sherley, la mère de la petite victime, a fait appel de la décision du juge d'instruction de la maintenir en détention, elle qui demande à être placée sous contrôle judiciaire. L'audience devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse a permis d'exposer le scénario de cette soirée qui a précédé le décès de l'enfant.
Tout comme son compagnon de l'époque, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 24 ans, a aussi été mise en examen pour "meurtre aggravé" et "violences", il y a un an. La chambre de l'instruction a rejeté sa demande de mise en liberté sous contrôle judiciaire.
"Un détail abominable"
Au début de l'instruction, Sherley évoquait le tempérament "hyperactif" de son petit garçon pour expliquer la cinquantaine d'ecchymoses découverts sur le corps de Samy. Elle a toutefois toujours maintenu que Sofian, son ex-compagnon âgé de 20 ans avec lequel elle vivait depuis un mois et demi, a tué son fils de 3 ans en le noyant dans la baignoire.
Quand elle rentre dans la salle de bain de leur appartement de Saubens (Haute-Garonne), le petit garçon a les mains et les pieds liés. Le compagnon sourit alors qu'il lui plonge la tête dans l'eau.
"C'est un détail abominable qu'elle n'a pas pu inventer", souffle auprès de BFMTV.com Me Jacques Levy, l'avocat de Sherley, qui évoque "un dossier terrible".
Comment ce drame a-t-il pu survenir? Sherley, une jeune femme à l'enfance et scolarité sans aspérité particulière, a rencontré Sofian quelques semaines avant la mort de l'enfant. La jeune femme s'est convertie, avant leur rencontre, à l'islam. Son compagnon lui impose des règles strictes. Elle n'a pas le droit de sortir seule, les volets de l'appartement restent baissés. "Elle vit en situation de dépendance", estime son conseil.
Son fils Samy est lui aussi soumis à des règles strictes. Il doit par exemple manger torse nu pour éviter de salir les vêtements. Il est également victime de violences. Quand il présente des bleus, l'enfant n'est pas mis à l'école. Le père de Samy se rend compte qu'il se passe quelque chose au domicile de son ex-compagne, mais "il n'imagine pas le degré de violences" subi par son fils, relate Me Benjamin Mekhfi, son avocat. Il avait d'ailleurs dépose plainte au mois d'octobre.
Mort par asphyxie
Selon le récit fait par la mise en cause, Sofian applique des règles d'éducation violentes. Si l'enfant fait une bêtise, ou quand celui-ci est seulement agité, il subit des coups. La veille de sa mort, Sherley découvre une première fois que son compagnon met la tête du petit garçon sous une douche froide pour le calmer. "Elle a pris immédiatement son fils, l'a réchauffé et l'a protégé", insiste Me Levy.
Mais le lendemain, le soir du 15 novembre, "elle était en train de cuisiner quand elle a entendu du bruit dans la salle de bain, la porte était fermée". "Elle a tambouriné sur la porte, le compagnon lui a ouvert et elle a retrouvé son fils les mains et les pieds liés en état d'hypothermie", détaille l'avocat. Toujours selon lui, Sherley a emporté son fils, a essayé de le réchauffer. Le petit garçon vomit, de la mousse lui sort par le nez. Le pommeau de la douche a été arraché, preuve de la violence qui s'est produite ce soir-là.
Il décédera dans la nuit malgré l'appel aux secours et une tentative de massage cardiaque. L'autopsie a relevé une cinquantaine d'ecchymoses sur le corps du petit garçon dont le décès est dû à une noyade ou à une asphyxie mécanique. L'enfant a agonisé une vingtaine de minutes avant de succomber, selon les experts. Un morceau du mur de l'appartement a été saisi, à la demande du juge. Une expertise va être réalisée pour confirmer si l'impact présent correspond à la taille du crâne du petit Samy.
Demande de requalification
Sherley a été mise en examen comme son compagnon pour meurtre. "Il y a une colère légitime que l'on peut ressentir à l'égard d'une mère qui n'a pas su protéger son enfant mais rien dans le dossier ne justifie qu'on la poursuive pour meurtre", martèle Me Jacques Levy, qui demande une requalification des faits en "non-assistance à personne en danger". "La veille de la mort de Samy et le jour de son décès, elle a eu un acte positif pour protéger son enfant. Les deux fois, elle n'était pas dans cette salle de bain, elle ne participe en rien à la mort de son enfant."
Placée en détention provisoire, la jeune femme a fait deux tentatives de suicide. Elle a dû être hospitalisée quelque temps.
"Il est encore prématuré d'envisager une requalification ou une remise en liberté, mon client ne le comprendrait pas", réagi Me Benjamin Mekhfi, l'avocat du père de la victime. Le conseil rappelle que la mère est aussi mise en examen pour des violences sur son fils alors que des vidéos ont été retrouvées dans son téléphone. Dans l'une d'elle, "Samy dit que sa mère a été violente, elle lui dit alors de ne pas dire des choses fausses et l'enfant dit alors que ce n'est pas sa mère qui l'a frappé, pourquoi lui fait-elle dire ça?"
À ce stade, le juge d'instruction n'a pas encore reçu les résultats des expertises psychologiques et psychiatriques, qui pourraient confirmer ou infirmer l'emprise qu'aurait eu le compagnon sur la mère, et n'a pas organisé de confrontation ou de reconstitution. Le déroulé exact de cette soirée du 15 novembre 2023 reste à confirmer.