Mort de Samuel Paty : huit prévenus jugés devant la cour d’assises spéciale, ce qui leur est reproché
JUSTICE - Un nouveau volet s’ouvre quatre ans après l’assassinat de Samuel Paty. La cour d’assises spéciale de Paris va juger à partir de ce lundi 4 novembre sept hommes et une femme impliqués dans la campagne de haine et d’intimidation qui a précédé la mort du professeur d’histoire-géographie.
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L’assassin, Abdoullakh Anzorov, un jeune Russe de 18 ans d’origine tchétchène, bénéficiaire du statut de demandeur d’asile en France, sera le grand absent du procès : il a été tué par la police peu après son acte.
Avant sa mort, Samuel Paty, 47 ans, professeur du collège du Bois-d’Aulne Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a été la cible d’une intense campagne de cyberharcèlement. À l’origine, il y a le mensonge d’une élève de 13 ans accusant à tort le professeur Paty de discrimination envers les musulmans.
Un mensonge qui mène à un assassinat
En réalité, elle n’avait pas assisté au cours d’histoire-géographie et son mensonge, repris massivement sur les réseaux sociaux par des adultes peu scrupuleux, a conduit à la « mise à mort », selon les mots du Parquet national antiterroriste (Pnat), de Samuel Paty.
La jeune fille et cinq autres ex-collégiens ont été condamnés l’automne dernier à des peines allant de 14 mois avec sursis à deux ans dont six mois ferme. Virginie Le Roy, avocate de la famille Paty, avait regretté une audience « décevante » avec « des réponses (qui) ont manqué aux familles ». Le procès qui s’ouvre lundi en apportera-t-il plus ?
Le père de la collégienne, Brahim Chnina, Marocain de 52 ans, sera l’un des principaux accusés au côté du militant islamiste franco-marocain Abdelhakim Sefrioui, 65 ans.
Lourdes peines encourues
Les deux hommes, en détention provisoire depuis quatre ans, ont relayé, selon l’accusation, les mensonges de l’adolescente sur les réseaux sociaux, déclenchant une déferlante de haine à l’encontre du professeur. Poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, ils encourent 30 ans de réclusion criminelle.
« Mon client entend s’expliquer sur le fond du dossier et démontrer qu’il n’a absolument aucun lien de près ou de loin avec cet attentat odieux qu’il condamne depuis le premier jour », explique Me Ouadie Elhamamouchi, l’avocat d’Abdelhakim Sefrioui.
Deux amis du terroriste, Naïm Boudaoud, 22 ans, et le Russe d’origine tchétchène Azim Epsirkhanov, 23 ans, comparaissent pour complicité d’assassinat terroriste, un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité.
La veille de l’attentat, ils ont notamment accompagné Anzorov dans une coutellerie de Rouen pour l’achat d’un couteau correspondant à celui retrouvé à proximité de son cadavre. Naïm Boudaoud était aussi avec Anzorov pour l’achat, quelques heures avant le crime, de deux pistolets Airsoft et des billes d’acier dans un magasin de Cergy.
Tous nient leur implication dans l’assassinat
« Près de trois ans d’information judiciaire n’ont jamais permis d’établir que Naïm Boudaoud avait connaissance du moindre projet criminel de l’assaillant », déclarent à l’AFP Mes Adel Fares et Hiba Rizkallah, qui contestent « la complicité » de leur client.
La cour jugera également trois personnes qui appartenaient à des groupes Snapchat gravitant autour d’Abdoullakh Anzorov. Le Turc Yusuf Cinar, le Russe d’origine tchétchène Ismaïl Gamaev et le Réunionnais Louqmane Ingar, tous trois âgés de 22 ans, ont selon l’accusation échangé des messages à contenus jihadistes avec Anzorov.
Yusuf Cinar était au moment des faits « un jeune homme de 18 ans, déscolarisé et dans un état de fragilité important. Non seulement il n’a jamais eu connaissance du projet du terroriste, mais il n’a jamais approuvé l’acte commis, ni partagé une quelconque idéologie radicale », indique son avocate, Me Lucile Collot.
Seule femme parmi les accusés, Priscilla Mangel, 36 ans, connue pour appartenir à la mouvance islamiste radicale, a « conforté » Anzorov dans son projet même si elle n’en connaissait pas la nature, assure l’accusation. Le procès est prévu jusqu’au 20 décembre.
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