Mort de Samuel Paty : 4 ans après, sa sœur a du mal à voir « la mémoire de [son] frère dénaturée »

Un portrait de Samuel Paty, exposé à l’université de la Sorbonne à Paris, le 14 octobre 2023.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Un portrait de Samuel Paty, exposé à l’université de la Sorbonne à Paris, le 14 octobre 2023.

TERRORISME - Quatre ans jour pour jour après la mort de Samuel Paty, sa sœur, Gaëlle Paty, revient sur l’assassinat de son frère dans Libération ce mercredi 16 octobre. Le 16 octobre 2020, près du collège où il enseignait à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le professeur d’histoire-géographie avait été tué par un terroriste islamiste onze jours après avoir donné un cours sur la liberté d’expression.

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« J’ai du mal à accepter que la mémoire de mon frère soit dénaturée. C’est comme si on l’emportait une seconde fois. Chez lui, tout était gratuit et désintéressé, loin du soldat que je découvre dans certains portraits », confie cette femme de 49 ans à Libé.

« Il ne faut pas se tromper de cible, c’est le terrorisme islamiste qui a tué mon frère. Il en est le premier responsable. L’école doit demeurer intransigeante sur ses règles et la liberté dont elle est le vecteur », dit-elle encore. « Mais j’ai pu aussi constater que l’islamisme prospère sur un vide, sur un désengagement de l’État », observe Gaëlle Paty.

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Elle se dit prête pour le second procès lié à cet assassinat, à partir du 4 novembre, devant la cour d’assises spéciale de Paris où vont être jugées huit personnes. Elle explique que le premier procès, celui des collégiens fin 2023, a « véritablement participé à (sa) catharsis ». « Il m’a permis d’arrêter de subir, et de devenir actrice de quelque chose », décrit-elle.

Par ailleurs, l’autre sœur de Samuel Paty, Mickaëlle Paty, publie, elle, ce mercredi Le cours de monsieur Paty (Albin Michel), un livre coécrit avec l’autrice Émilie Frèche.

Mickaëlle Paty avait saisi la justice administrative cet été

« Quatre ans après l’assassinat de mon frère, une grande colère m’habite. Celle d’avoir perdu du temps, faute d’avoir été entendue. Il n’y a eu ni réveil, ni sursaut, et nos ennemis ont encore gagné du terrain », affirme-t-elle dans cet ouvrage dans lequel elle retrace les événements ayant conduit à l’assassinat de son frère il y a quatre ans.

« Désormais, l’alibi des caricatures ou du voile ne leur sont même plus nécessaires pour attaquer l’école, nous en avons eu la triste preuve avec Dominique Bernard (tué en 2023 à Arras, ndlr). Être prof suffit à vous mettre dans le viseur de ces intégristes », ajoute-t-elle, appelant à la mise en place d’« une réelle politique publique pour la promotion de nos valeurs, et non pas uniquement pour leur défense ».

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Pour elle, Samuel Paty « est mort parce que face à l’offensive islamiste, nous n’avons produit depuis des années qu’une série de renoncements qu’on croyait sans importance, mais qui, mis bout à bout, ont construit un système ».

Mickaëlle Paty avait saisi en juillet la justice administrative pour faire reconnaître la responsabilité de l’État dans l’assassinat de son frère.

« Nous continuerons, professeur, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes devenu le visage », a écrit sur X le président Emmanuel Macron en ce jour anniversaire. Une minute de silence a été organisée lundi dans les collèges et lycées de France en mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard.

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