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Mort du romancier Michel Butor, innovateur perpétuel

Portrait de l'écrivain Michel Butor chez lui à Lucinges en Haute-Savoie en juillet 2008.

Auteur de «La Modification», Michel Butor était le dernier représentant du Nouveau roman. Il s'est éteint à l'âge de 89 ans.

Il était le dernier représentant du Nouveau roman, mouvement littéraire réuni dans les années 50 et 60 autour de Jérôme Lindon aux éditions de Minuit. Michel Butor, dont on apprend la disparition ce mercredi soir, alors qu’il s’apprêtait à fêter ses 90 ans le 14 septembre, s’était cependant éloigné très vite de ce groupe qui n’en était pas vraiment un, et qui avait reçu son étiquette - artificielle et commode, comme elles le sont toutes - d’un chroniqueur du Monde.

Il n’avait pas associé toute son œuvre à l’éditeur qui fit sa réputation. Des écrivains comme Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, cheminèrent sous la même étoile, jusqu’à la fin. Pas Michel Butor. Mais c’est lui qui apporta à la maison son premier grand prix: le Renaudot en 1957 pour la Modification. C’est aussi le roman de lui dont on se souvient le plus. Pour certains, c’est même le seul.

Injustice d’une carrière extraordinairement féconde et jamais interrompue : Michel Butor a signé plus de deux cents livres, recueils, plaquettes, catalogues pour des plasticiens (dont il conservait chaque édition en quatre exemplaires, pour chacune de ses filles, comme peut le permettre une vaste maison en Haute-Savoie). Son inventivité le menait dans toute sorte de domaines, la poésie, le scénario, l’essai. Mais on voulait toujours le ramener aux romans des débuts, lui qui n’en écrivait plus.

Il faut dire que la Modification est un chef-d’œuvre inusable, qui n’en finit pas d’influencer les écrivains d’aujourd’hui - même s’ils ne le savent pas, ou plus. Entièrement écrit à la deuxième personne du pluriel, c’est un monologue intérieur magistral, la confrontation d’un homme avec lui-même, avec ses trahisons, avec ses désirs, pendant un trajet de nuit en train, de Paris à Rome. Il devrait retrouver sa maîtresse, il s’en reviendra auprès de sa femme et de ses enfants. «Vous avez mis le pied (...)

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