Mort de Philippe Monguillot : le procès des meurtriers du chauffeur de bus de Bayonne s’ouvre à Pau
À l’été 2020, alors que le pays se rouvrait progressivement après le premier confinement, une altercation mortelle avait éclaté dans un bus, sur fond de refus de port du masque sanitaire.
FAITS DIVERS - C’est un drame qui avait beaucoup fait parler, en pleine réouverture du pays après des semaines de confinement. En juillet 2020, des milliers de personnes avaient défilé à Bayonne après la mort d’un chauffeur de bus, roué de coups par des passagers qui refusaient de porter un masque anti-Covid. Ses deux agresseurs présumés comparaissent à partir de ce vendredi 15 septembre devant la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques.
Ce 5 juillet 2020, Philippe Monguillot, 59 ans, marié et père de trois filles majeures, avait été frappé par deux passagers dans le bus qu’il conduisait, après avoir porté un coup de tête à l’un d’eux. Laissé en état de mort cérébrale à côté de son véhicule, il avait succombé après cinq jours de coma à l’hôpital.
Les circonstances du drame, survenu au début d’un été post-confinement, avaient déclenché une vague d’émotion nationale et suscité de nombreuses réactions politiques, tandis qu’une marche blanche réunissait entre 6 000 et 8 000 personnes à Bayonne.
La qualification de « meurtre aggravé » écartée
Trois ans plus tard, les deux accusés principaux, âgés de 25 ans, déjà condamnés dans le passé pour d’autres faits, sont jugés pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». En état de récidive légale (l’un d’eux était en liberté conditionnelle depuis moins de trois mois le jour de son arrestation), ils sont écroués depuis les faits, aggravés par le statut de la victime, chargée d’une mission de service public. Ils encourent une peine de 20 ans d’emprisonnement.
Un troisième homme, âgé de 43 ans, comparaît pour avoir fourni son assistance aux deux autres, en l’occurrence un appartement, et leur avoir ainsi permis de se soustraire, temporairement, aux recherches de la police.
Durant cinq jours d’audience, jusqu’au 21 septembre, les débats s’attacheront à retracer le déroulé de l’altercation au sujet du port du masque sanitaire et des violences qui s’en étaient suivies, fatales au chauffeur de bus.
En mai 2022, les magistrats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Pau avaient écarté la qualification de « meurtre aggravé », retenue par le parquet de Bayonne, jugeant que l’intentionnalité des mis en cause n’était pas démontrée. Ceux-ci ont néanmoins été renvoyés devant une cour d’assises en raison de leur passé judiciaire.
« Fantasme et provocation à la haine »
À deux jours de l’ouverture du procès, mercredi 13 septembre, maître Alexandre Novion, avocat de la veuve et des filles de la victime, a expliqué redouter un dossier « traité à la sauvette, comme une bagarre de saloon, avec des hommes à égalité ». Regrettant que l’intention homicide ait été écartée, il a aussi déploré des « concessions extraordinaires de la part de la justice ». Sa cliente Véronique Monguillot, épouse du chauffeur décédé, « ne peut pas aller à ce procès autrement qu’en pensant à un meurtre », assurait-il encore.
La cour d’assises devra faire « du droit et rien que du droit », lui a déjà répondu maître Thierry Sagardoytho, avocat du principal accusé, suspecté d’avoir asséné un dernier coup de poing au visage de Philippe Monguillot, provoquant sa chute au sol fatale. « Ce que j’entends raconter sur les plateaux télé et ailleurs n’est que fantasme et provocation à la haine contre un jeune homme qui a toujours admis sa culpabilité sur ce geste. »
Pour maître Frédéric Dutin qui défend le second jeune accusé, son client « ne peut pas être rattaché à ce dernier coup, sans lequel Philippe Monguillot ne meurt pas ». « Il n’est pas question de nier la douleur de cette famille mais j’ai l’impression qu’il faut à tout prix associer les deux » hommes à la mort du conducteur, regrette-t-il.
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