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Mort de l'Afro-Américaine Breonna Taylor: une décision judiciaire relance la colère aux Etats-Unis

Manifestation contre une décision judiciaire sur la mort de Breonna Taylor à Louisville, aux Etats-Unis, le 23 septembre 2020 - Jeff Dean / AFP
Manifestation contre une décision judiciaire sur la mort de Breonna Taylor à Louisville, aux Etats-Unis, le 23 septembre 2020 - Jeff Dean / AFP

Des manifestants en colère sont descendus mercredi dans les rues de plusieurs grandes villes américaines pour dénoncer un traitement judiciaire selon eux bien trop clément visant les policiers qui ont tué en mars l'Afro-Américaine Breonna Taylor à Louisville, où deux agents ont été blessés par balle dans la soirée.

Deux policiers déployés vers 20h30 locales sur les lieux d'une des manifestations de cette ville du Kentucky "ont été blessés par balle. Ils sont en train d'être soignés à l'hôpital", a déclaré le chef par intérim de la police de Louisville, Robert Schroeder, lors d'une conférence de presse.

Leur état était stable et leur vie n'était a priori pas menacée, mais l'un d'eux a subi une intervention chirurgicale, a-t-il précisé, et un suspect a été interpellé. Le bureau du FBI à Louisville a indiqué mener l'enquête.

Plus tôt, quelques centaines de personnes, certaines lourdement armées, s'étaient rassemblées sur Jefferson Square, une place du centre-ville, dans un climat tendu, avant d'être dispersées par la police peu avant l'heure du couvre-feu, instauré à 21h.

Une décision "scandaleuse et insultante"

Boston, New York, Washington, Philadelphie... Des rassemblements ont spontanément éclaté dans plusieurs villes du pays, secoué depuis des mois par une vague de mobilisations antiracistes. Le motif de la colère des manifestants: aucun des trois agents qui avaient fait irruption chez Breonna Taylor, 26 ans, en enfonçant la porte de son domicile, n'a été poursuivi pour son homicide.

Brett Hankison, seul membre du trio policier finalement visé par une charge, est seulement poursuivi pour mise en danger de la vie d'autrui, en raison de ses tirs qui ont traversé l'appartement de voisins de la victime, a annoncé mercredi le procureur du Kentucky.

Aucun chef d'inculpation n'a été retenu contre ses deux collègues, Jonathan Mattingly et Myles Cosgrove, qui sont pourtant les auteurs des tirs qui ont tué l'Afro-Américaine. Une décision "scandaleuse et insultante", selon l'avocat de la famille de la jeune femme, Ben Crump.

Le seul policier poursuivi risque jusqu'à 15 ans de prison

L'infirmière avait été tuée en pleine nuit à son domicile le 13 mars quand les trois policiers s'y étaient présentés munis d'un mandat d'arrêt. A leur arrivée, son compagnon avait ouvert le feu avec une arme détenue légalement. Les agents avaient riposté et Breonna Taylor avait été atteinte de plusieurs balles. Son compagnon a ensuite expliqué avoir cru à un cambriolage, les agents ne s'étant pas annoncés. Eux assurent s'être présentés, une version corroborée par un témoin, selon le procureur de l'Etat Daniel Cameron.

"Je sais que ces charges annoncées aujourd'hui ne satisferont pas tout le monde", a-t-il admis, avouant avoir eu "une discussion difficile" avec la famille de Breonna Taylor.

Selon les médias locaux, le policier Brett Hankison s'est présenté dans une prison de la région puis a été remis en liberté après avoir payé une caution fixée à 15.000 dollars, une somme très basse comparée à d'autres cas similaires. Licencié par la police de Louisville en juin, il risque jusqu'à 15 ans de prison.

Une décision fustigée par les élus démocrates

"Ma soeur, le système pour lequel tu travaillais si dur t'a laissée tomber", a réagi sur Instagram Juniyah Palmer, la soeur de Breonna Taylor. Selon l'avocat Ben Crump, il s'agit d'"un nouvel exemple d'absence de responsabilité pour le génocide des gens de couleur perpétré par des policiers".

"C'est ironique et typique que les seuls chefs d'inculpation de cette affaire concernent des coups de feu tirés dans l'appartement d'un voisin blanc", alors qu'une personne de couleur a été tuée, a-t-il ajouté.

De nombreux responsables démocrates ont dénoncé la décision de mercredi, à l'image du sénateur Bernie Sanders la qualifiant de "honte". L'adversaire de Donald Trump à la présidentielle, Joe Biden, a dit "comprendre la frustration", mais a dans le même temps appelé au calme: "La violence n'est jamais acceptable", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Article original publié sur BFMTV.com