Mort d'Yvan Colonna: la commission d'enquête visite la prison d'Arles

Des députés de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les "dysfonctionnements" ayant permis l'agression mortelle d'Yvan Colonna ont visité lundi la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) où se sont déroulés les faits, a constaté l'AFP.

Le 2 mars 2022, le militant indépendantiste corse qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, avait été violemment agressé dans la salle de sports de la prison par Franck Elong Abé, un homme de 36 ans qui purgeait plusieurs peines, dont une de neuf ans pour "association de malfaiteurs terroriste".

Yvan Colonna allait finalement décéder des suites de ses blessures après trois semaines de coma. Son agression et son décès avaient déclenché une très forte émotion en Corse, avec des manifestations émaillées de violences.

Fin novembre, l'Assemblée nationale avait voté la création d'une commission d'enquête "chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l’Administration pénitentiaire et de l'appareil judiciaire ayant conduit à l'assassinat" du militant corse.

Deux procédures judiciaires sont par ailleurs ouvertes: l'une pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste", l'autre pour violation du secret de l'instruction.

Un rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ) a estimé que le surveillant chargé de l'aile où se trouvait l'indépendantiste corse avait fait preuve d'un "net défaut de vigilance" en restant, "sans aucun motif, éloigné" du lieu des faits qui ont duré neuf minutes.

Ce surveillant et l'ex-directrice de la prison vont faire l'objet de "procédures disciplinaires", avait annoncé en juillet Elisabeth Borne.

Le groupe de neuf députés s'est notamment rendu sur les lieux de l'agression. De même il a pu voir le "poste d'information et de circulation" où était positionné le surveillant qui doit notamment gérer les déplacements de détenus et dispose potentiellement des images de 46 caméras de surveillance, via un écran sur lequel il peut en visionner neuf simultanément après les avoir sélectionnées.

Or, comme ses collègues, il "n'avait pas été formé à l'utilisation correcte (de ce) matériel pourtant essentiel", avait relevé l'IGJ. Les formations ont depuis été réalisées, ont assuré les responsables de la prison à la délégation qui devait également s'entretenir à huis-clos avec les membres de la "commission DPS" (les détenus particulièrement signalés) locale. Yvan Colonna et Franck Elong Abé avaient tous deux ce statut.

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