Mort d'un supporteur nantais: le préfet des Alpes-Maritimes souhaite "un signal fort" pour les déplacements lors des matchs à risques
Préfet des Alpes-Maritimes depuis septembre, Hugues Moutouh connaît bien le dossier des interdictions de déplacements de supporteurs en marge de rencontres de football. Cette saison, le représentant du pouvoir exécutif a appliqué un arrêté pour la venue programmée des fans de l'OM à Nice, les empêchant de se rendre à l'Allianz Arena. Contacté par RMC Sport, ce dernier rejoint la ligne défendue ce lundi par Amélie Oudéa-Castéra.
"On n'est plus dans le sport"
Deux jours après le décès d'un supporteur nantais ce samedi, en marge d'un match de Ligue 1 entre le FC Nantes et l'OGC Nice, la ministre des Sports a souhaité l'interdiction de déplacement de supporteurs dès lors qu'un match présente "un risque de troubles à l’ordre public."
"J'entends tout à fait ce que dit la ministre des Sports. Là où je la rejoins, c'est que tout ça, ce n'est pas du sport", a réagi Hugues Moutouh, ancien directeur de cabinet au ministère des Sports sous Bernard Laporte et Roselyne Bachelot. "À partir du moment où, pour les matchs les plus tendus, on doit mobiliser cinq compagnies de CRS, on n'est plus dans le sport."
"Le déploiement des forces de sécurité, ça devient complètement dingue"
"On n'est plus dans l'encadrement de supporteurs mais dans la guérilla et la violence urbaine", a ajouté le préfet des Alpes-Maritimes. "Je crois, à un moment donné, qu'il faut accepter une position de fermeté par rapport à ces hooligans, surtout dans une année pré-olympique où les gens vont en stade en famille. Il y a un signal fort en disant non au hooliganisme."
Hugues Moutouh assure que ces interdictions ne se font "jamais de gaieté de coeur". "On aimerait bien que ça soit du sport et uniquement que ça. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. On est dans une période avec une vigilance attentat élevée. Il faut l'expliquer: on distrait des forces de sécurité contre cette lutte pour escorter des supporteurs. Le déploiement des forces de sécurité, ça devient complètement dingue."
Hugues Moutouh ne tient pas pour autant à ce que ces interdictions deviennent systématiques. "Il n'y a pas d'interdiction générale et absolue. Il faut qu'il y ait des éléments que le risque soit avéré. Il y a une liberté importante en France, c'est celle d'aller et venir. Quand on met des obstacles, il faut pouvoir les justifier devant le juge", a expliqué le préfet. "Quand on regarde le nombre d'arrêtés ministériels sur les déplacements, on est systématiquement en niveau 5 (soit le risque maximum sur l'échelle, NDLR). Bien évidemment, il ne faut pas interdire par principe tout déplacement des supporters."