Mort de Jean-Marie Le Pen : "point de détail", "inégalité des races", "Durafour crématoire"... Une vie de propos condamnés par la justice
Mort ce mardi 7 janvier, le cofondateur du Front national été condamné à de nombreuses par la justice française pour ses propos polémiques.
Jean-Marie Le Pen n'a jamais eu la langue dans sa poche. Propos antisémites, racistes, homophobes... les très nombreux dérapages du cofondateur du Front national en 1972, devenu Rassemblement national, lui ont valu de côtoyer régulièrement les salles d'audience tout au long de sa carrière politique. Et même après son exclusion du parti d'extrême droite, en 2015, et la fin de son mandat européen, en 2019, il a continué de commenter régulièrement la vie politique. Retour sur les sorties nauséabondes de celui qui est mort ce mardi 7 janvier.
Les chambres à gaz, "point de détail de l'histoire de la deuxième guerre mondiale"
Un "point de détail de l'histoire" fractionné en plusieurs épisodes. Tout commence en 1987, lors de la participation de Jean-Marie Le Pen au "Grand Jury-RTL-Le Monde". "Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir (...). Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la deuxième guerre mondiale", avait-il déclaré devant des journalistes qui lui rappellent les six millions de juifs morts dans ces lieux. Il ajoute ensuite : "Voulez-vous me dire que c'est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ? C'est une obligation morale ? Je dis qu'il y a des historiens qui débattent de ces questions." L'indignation est alors générale dans le pays.
Le président du parti d'extrême droite est finalement condamné le 23 mai 1990 à verser 1 franc de dommages et intérêts aux dix associations qui ont porté plainte contre lui, rappelle un article du Monde. Un an plus tard, la peine est alourdie par la cour d'appel de Versailles. Jean-Marie Le Pen doit verser 10 francs au MRAP et 100 000 francs aux neuf autres associations.
En décembre 1997, Jean-Marie Le Pen persiste et signe. "Les chambres à gaz sont un détail de la deuxième guerre mondiale", déclare-t-il lors d'une conférence à Munich, en Allemagne, où il est venu assister à la sortie du livre de son ami, Franz Schoenhuber, un ancien SS nazi. Conséquence : la justice allemande demande la levée de l'immunité parlementaire du leader du Front national pour "négationnisme".
Il est sanctionné en Allemagne et en France. Le jugement du tribunal de Nanterre, confirmé en appel, le condamne à verser jusqu'à 750 euros à 11 associations.
Troisième acte en avril 2014. Invité de l'émission "Bourdin Direct" sur BFMTV, le cofondateur du Front national réitère sa thèse. La sanction est cette fois plus lourde. En plus d'une amende de 30 000 euros, Jean-Marie Le Pen se fait exclure de son parti, dirigé par sa fille Marine Le Pen.
"Je crois à l'inégalité des races"
Lors d'un Université d'été du Front national à La Grande Motte en 1996, Jean-Marie Le Pen explique croire "à l'inégalité des races". "Toute l'histoire le démontre. Elles n'ont pas la même capacité, ni le même niveau d'évolution historique", explique-t-il face caméra. Le leader frontiste est condamné et doit verser 10 000 francs à l'Union des étudiants juifs de France.
En 1996 toujours, il avait prononcé ces mots à l'égard des joueurs de l'équipe de France : "Je trouve que c'est un peu artificiel de faire venir des joueurs de l'étranger et de les baptiser équipe de France."
"L'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine"
Jean-Marie Le Pen suscite de nouveau la polémique en 2005. Il explique au journal d'extrême droite Rivarol en janvier 2005 que "l'occupation allemande en France n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y a eu des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés". Et de poursuivre : "Si les Allemands avaient multiplié les exécutions massives dans tous les coins, comme l'affirme la vulgate, il n'y aurait pas eu besoin de camps de concentration pour les déportés politiques."Il est condamné à trois mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende en 2012.
les Roms, "une présence urticante et disons... odorante"
Alors qu'il était à Nice pour soutenir la candidate d'extrême droite Marie-Christine Arnautu parachutée dans la région à l'occasion des élections municipales, Jean-Marie Le Pen s'est laissé aller à un commentaire sur la présence des Roms le 4 juillet 2013 : "Vous avez quelques soucis, paraît-il, avec quelques centaines de Roms qui ont dans la ville une présence urticante et disons... odorante." Résultat : 5 000 euros d'amende pour "provocation à la haine et à la discrimination ethniques".
Le jeu de mots sur "Durafour crématoire"
Un jeu de mots nauséabond qui restera dans les mémoires. En 1988, lors d'universités d'été du parti d'extrême droite organisées au Cap d'Agde, le leader frontiste se moque alors de Michel Durafour, ministre de la Fonction publique de l'époque. Rigolant d'abord sur "Durafour et du moulin", il franchit la ligne rouge en l'appelant "monsieur Durafour crématoire", une référence aux camps de concentration nazis.
Des propos qui vaudront à Jean-Marie Le Pen une condamnation à 10 000 francs d'amende, relaxé en appel, mais annulée en cassation en juin 1993.