Mort de Jean-Marie Le Pen : "des polémiques, sérieusement ? La honte", très critiqué après un tweet, François Bayrou se défend
Au moment de commenter la mort du fondateur du Front National, plusieurs fois condamné pour incitation à la haine raciale, le Premier ministre s'est contenté d'évoquer des "polémiques".
Des choix de vocabulaire pour le moins étonnants. Après l'annonce, ce mardi en milieu de journée, du décès de Jean-Marie Le Pen, tête d'affiche de l'extrême droite française pendant plus de trente ans et fondateur du Front National (rebaptisé Rassemblement National en 2018), de nombreuses personnalités du monde politique ont réagi à la nouvelle sur les réseaux sociaux.
"On savait quel combattant il était"
Si de nombreux messages ont rappelé les sulfureux états de service du défunt, accusé d'avoir fait usage de la torture pendant la guerre d'Algérie et condamné plusieurs fois pour apologie de crime de guerre, contestation de crimes contre l'humanité et incitation à la haine raciale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas jugé bon de les rappeler, se contentant d'un post très neutre sur X.
Au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, JM Le Pen aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était.
— François Bayrou (@bayrou) January 7, 2025
Bayrou repris de volée sur X
Ce message publié par le chef du gouvernement n'a pas manqué de faire lui-même réagir sur le réseau social. De nombreux internautes, anonymes ou responsables politiques, se sont ainsi indignés du champ lexical utilisé par François Bayrou, et en particulier de la réduction des propos racistes, antisémites et négationnistes de Jean-Marie Le Pen à de simples "polémiques".
Des polémiques, sérieusement ?
Le racisme, l’antisémitisme, le négationnisme, la torture, l’homophobie, la haine partout et tout le temps, c’est ça les polémiques ?
La honte 🤢— Najib Bayoumi (@NajibBym) January 7, 2025
Combattant ? Multi condamné, raciste, antisémite... Que le 1er ministre lui rende hommage en dit long sur l'état actuel et le délabrement politique que vous représentez à merveille ici...
— Nawak (@Mr_Nawak) January 7, 2025
« Des polémiques » ?
« Combattant » ?
C’est ainsi que vous définissez des condamnations pour haine raciale et négationnisme ?
Mais dans quel monde vivez-vous ?— Aly D (@AlyDiouara) January 7, 2025
"le combattant qu'il était"huh? pic.twitter.com/WGzNCX28gt
— RyuuKu 🖖 (@Ryuukusann) January 7, 2025
L'"arme préférée" de JM Le Pen : https://t.co/zgONsYLgPm pic.twitter.com/GCuPC5o9hH
— Louise Bihan (@journalouise) January 7, 2025
Quand même le Premier Ministre rend hommage à un tortionnaire homophobe, raciste, et antisémite, c’est que la démocratie et les valeurs qui font la grandeur de la France, sont malades. https://t.co/xB2akiok5u
— SpireGG (@iamspiregg) January 7, 2025
Un message pour Jean-Marie Le Pen, rien pour les victimes de l'attentat de Charlie Hebdo
Pour ne rien arranger au "bad buzz" dont il fait l'objet, l'équipe de communication du Premier ministre a eu la mauvaise idée de poster ce message alors même que le compte X de François Bayrou n'avait publié aucun hommage aux douze victimes de l'attentat de Charlie Hebdo, tuées il y a exactement dix ans par deux terroristes islamistes.
Hasard ou coïncidence, quelques minutes après que le compte de la fédération du Parti Socialiste du Puy-de-Dôme a fait remarquer l'absence d'hommage aux victimes de l'attentat du 7 janvier 2015 sur le compte X de François Bayrou, ce dernier a finalement publié un message célébrant les douze disparus.
Et sinon, les victimes des attentats terroristes de 2015. Rien ? Pas de tweet ?
— PS Puy-de-Dôme 🌋 (@PS_63) January 7, 2025
Il y a 10 ans, Charlie Hebdo, morts pour la liberté d’expression : Charb, Cabu, Wolinski, Honoré, Tignous, Elsa Cayat, Mustapha Ourrad, Bernard Maris, Michel Renaud, Frédéric Boisseau, Ahmed Merabet et Franck Brinsolaro. C’est notre deuil et c’est notre combat. pic.twitter.com/PYqYpTWVdY
— François Bayrou (@bayrou) January 7, 2025
Face à la polémique autour de ce mot polémique, François Bayrou s'est finalement justifié auprès de Libération, offrant un petit cours de grec. "Vous savez ce qu’est la racine de 'polémique' ?, 'Polemos : guerre'. Dire que la polémique était l’arme préférée de Le Pen, c’est la moindre des réalités. Si vous lisez le tweet, vous comprendrez que les affrontements sur le fond étaient nécessaires".
De quoi convaincre les nombreux internautes scandalisés par le tweet du Premier ministre ? Pas sûr. Au sein même de Matignon, le message de François Bayrou a été jugé maladroit par des conseillers, qui regrettent par ailleurs l'absence du mot "extrême droite", a indiqué BFM TV. "N’importe quoi !", a rétorqué le Premier ministre, cette fois-ci en français.