Mort de Jean-Marie Le Pen : "des polémiques, sérieusement ? La honte", très critiqué après un tweet, François Bayrou se défend

Au moment de commenter la mort du fondateur du Front National, plusieurs fois condamné pour incitation à la haine raciale, le Premier ministre s'est contenté d'évoquer des "polémiques".

François Bayrou vivement critiqué après son message de réaction au décès de Jean-Marie Le Pen (Photo : POOL/AFP via Getty Images)

Des choix de vocabulaire pour le moins étonnants. Après l'annonce, ce mardi en milieu de journée, du décès de Jean-Marie Le Pen, tête d'affiche de l'extrême droite française pendant plus de trente ans et fondateur du Front National (rebaptisé Rassemblement National en 2018), de nombreuses personnalités du monde politique ont réagi à la nouvelle sur les réseaux sociaux.

Si de nombreux messages ont rappelé les sulfureux états de service du défunt, accusé d'avoir fait usage de la torture pendant la guerre d'Algérie et condamné plusieurs fois pour apologie de crime de guerre, contestation de crimes contre l'humanité et incitation à la haine raciale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas jugé bon de les rappeler, se contentant d'un post très neutre sur X.

Ce message publié par le chef du gouvernement n'a pas manqué de faire lui-même réagir sur le réseau social. De nombreux internautes, anonymes ou responsables politiques, se sont ainsi indignés du champ lexical utilisé par François Bayrou, et en particulier de la réduction des propos racistes, antisémites et négationnistes de Jean-Marie Le Pen à de simples "polémiques".

Pour ne rien arranger au "bad buzz" dont il fait l'objet, l'équipe de communication du Premier ministre a eu la mauvaise idée de poster ce message alors même que le compte X de François Bayrou n'avait publié aucun hommage aux douze victimes de l'attentat de Charlie Hebdo, tuées il y a exactement dix ans par deux terroristes islamistes.

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Hasard ou coïncidence, quelques minutes après que le compte de la fédération du Parti Socialiste du Puy-de-Dôme a fait remarquer l'absence d'hommage aux victimes de l'attentat du 7 janvier 2015 sur le compte X de François Bayrou, ce dernier a finalement publié un message célébrant les douze disparus.

Face à la polémique autour de ce mot polémique, François Bayrou s'est finalement justifié auprès de Libération, offrant un petit cours de grec. "Vous savez ce qu’est la racine de 'polémique' ?, 'Polemos : guerre'. Dire que la polémique était l’arme préférée de Le Pen, c’est la moindre des réalités. Si vous lisez le tweet, vous comprendrez que les affrontements sur le fond étaient nécessaires".

De quoi convaincre les nombreux internautes scandalisés par le tweet du Premier ministre ? Pas sûr. Au sein même de Matignon, le message de François Bayrou a été jugé maladroit par des conseillers, qui regrettent par ailleurs l'absence du mot "extrême droite", a indiqué BFM TV. "N’importe quoi !", a rétorqué le Premier ministre, cette fois-ci en français.