Mort d’Ismaïl Haniyeh: la défense de Sophia Chikirou, accusée d'avoir rendu hommage au chef du Hamas

Nouvelle polémique au Nouveau Front populaire. La députée LFI Sophia Chikirou a posté sur Instagram jeudi 1er août une publication qui a engendré des tensions au sein de la coalition de gauche. La publication en question: des citations du fils du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, en hommage à son père tué en Iran le 31 juillet dans une frappe imputée à Israël.

L'élue LFI, proche de Jean-Luc Mélenchon, assure que sa publication n'a rien à voir avec un quelconque hommage, mais relève d'une volonté d'"informer". Après avoir déclenché une polémique au sein du Parti socialiste et s'être attirée les critiques de plusieurs élus du Nouveau Front populaire, l'élue parisienne s'est en effet défendue ce dimanche 4 août.

Interrogée par Libération, Sophia Chikirou a répondu qu’elle ne soutenait pas le Hamas dont elle "ne partage en rien le projet islamiste". Elle a expliqué avoir seulement partagé à titre d’"information" sur le réseau social "une biographie" du chef du Hamas et "un communiqué de presse de son fils dans lequel il dénonce l’assassinat".

"Je suis mise en cause pour avoir partagé trois visuels sur mon compte Instagram privé, fermé au public, qui ne rendent aucun hommage (...) Le mot Hamas n’y figure pas une seule fois. Je n’ai fait aucun commentaire. J’ai partagé cela comme une information", a-t-elle déclaré.

Elle a dénoncé une polémique "montée en épingle" par l'extrême droite et a expliqué avoir supprimé son post dans la foulée.

"J’ai supprimé ces visuels quatre heures après leur publication, dès que l’extrême droite a commencé à attaquer sur les réseaux sociaux et à monter en épingle une polémique. Je m’inquiète des réactions agressives et disproportionnées. Je déplore de voir des médias servir une telle opération", a-t-elle achevé de commenter.

Une "provocation" pour le PS

Plusieurs responsables socialistes se sont indignés de cette publication de la députée LFI. Le programme du Nouveau Front populaire "est clair", réagi sur X le premier secrétaire du PS Olivier Faure, évoquant les mesures de l'alliance électorale qui ont permis aux quatre partis de gauche PS, LFI, PCF et Écologistes d'arriver en tête des législatives, sans majorité absolue toutefois.

Le chef des socialistes a renvoyé la députée insoumise à des "provocations qui ont pour seul effet de susciter des polémiques qui minent le travail collectif" et des propos qui "n'engagent qu'elle".

La présidente PS de la région Occitanie Carole Delga, qui soutient le NFP tout en proposant une ligne de rupture politique avec LFI, a exprimé son indignation. "Abject", a-t-elle écrit sur X, y voyant une "apologie du terrorisme" et un "porte-voix de la haine des juifs".

Elle a regretté que les "contrats et engagements du NFP", soient une fois de plus "piétinés" et les valeurs socialistes "bafouées". Plusieurs membres du parti à la rose ont appelé à s’en tenir à la ligne du Nouveau Front populaire. "On ne peut pas valoriser un chef d’un groupe du Hamas en disant que c’est un martyr, parce que ce n’est pas un martyr", a ainsi déclaré Arthur Delaporte, député socialiste de la 2e circonscription du Calvados

"Je ne travaillerai pas avec des élus, un parti qui cautionnent ou refusent de condamner de telles positions", a tweeté de son côté le maire socialiste de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, ouvertement opposé depuis 2022 à une alliance de son parti avec celui de Jean-Luc Mélenchon.

Indignation des associations et dépôt de plainte

Cet hommage "devrait la mettre au ban de la vie politique. Cette forme de complaisance, récurrente dans son parti, ne doit pas trouver sa place dans notre République", a déclaré samedi 3 août la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), annonçant saisir sa commission juridique.

L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a annoncé dans un communiqué le dépôt d'une plainte pour "apologie du terrorisme".

Sophia Chikirou, régulièrement clivante, même en son camp

Il y a quelques semaines, Sophia Chikirou avait déjà suscité le malaise au sein du Nouveau Front populaire après avoir comparé les partisans de François Hollande à des "punaises de lit".

"Le hollandisme c'est comme les punaises de lit: tu as employé les grands moyens pour t'en débarrasser (...) mais en quelques semaines, ça gratte à nouveau et ça sort de partout...", avait-elle déclaré dans un message publié quelques minutes après l’officialisation de la proposition des socialistes pour Matignon mi-juillet. Soit Laurence Tubiana, piste retoquée par les mélenchonistes.

"Supprime", lui avait alors intimé la sénatrice écologiste Raymonde Poncet-Monge. "Il y a des termes certes… Vous savez très bien ce que sont les réseaux sociaux", avait de son côté réagi le député LFI Éric Coquerel sur LCI, interrogé sur la sortie de sa collègue.

Article original publié sur BFMTV.com