Mort d’Antoine Alléno : l’émotion de Yannick Alléno au procès du chauffard qui a tué son fils
Le procès du chauffard accusé d’avoir tué Antoine Alléno, au volant d’une voiture volée, ivre et sans permis, s’est ouvert ce 31 octobre.
JUSTICE - « L’inacceptable, l’intolérable ». Le procès du chauffard accusé d’avoir tué, au volant d’une voiture volée, ivre et sans permis, un des deux fils de Yannick Alléno, Antoine, en 2022, s’est ouvert ce jeudi 31 octobre à Paris.
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Franky D. à la barre des accusés, a fait face à la famille Alléno. Le père d’Antoine, chef multi-étoilé, sa mère, son frère et sa petite amie. Le jeune homme de 27 ans comparaissait libre sous contrôle judiciaire. Mis en examen notamment pour homicide involontaire avec au moins deux circonstances aggravantes, blessures involontaires et vol avec violence, il encourt dix ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende.
Un drame qui a conduit Yannick Alléno à s’engager pour la création d’un délit d’« homicide routier ».
Comme « une scène d’attentat »
Alors que le prévenu est resté très avare en réponse, répondant par « oui » ou par « non » et expliquant qu’il ne se souvenait plus de la journée du drame, Yannick Alléno, lui, dit n’avoir « rien oublié ».
« Je suis rentré ce soir-là tard d’un déplacement. Depuis ce jour-là je me dis que je n’aurais jamais dû être ici, Antoine devrait être dans son restaurant. Je me retrouve devant l’inacceptable, l’intolérable », a-t-il déclaré à la barre avec émotion, relate sur X Noémie Shulz, grand reporter police-justice à FranceTv.
"J’ai eu un message de mon autre fils, je suis allé sur place, j’ai vu une scène de chaos. Je vais vous la décrire. Les images sont loin de la vérité. Mon fils sous une couverture, j’ai reconnu ses chaussettes rayées. J’ai vu aussi ces litres de son sang par terrre" #Alleno
— Noémie Schulz (@noemieschulz) October 31, 2024
« J’ai eu un message de mon autre fils, je suis allé sur place, j’ai vu une scène de chaos », a-t-il témoigné. « Mon fils sous une couverture, j’ai reconnu ses chaussettes rayées. J’ai vu aussi ces litres de son sang par terre. [...] C’était comme une scène d’attentat. Je me suis allongé sur mon fils, j’ai crié »
« J’ai vu le pire »
Le chef étoilé dit avoir « vu le pire », « son enfant derrière une vitre à l’institut médico-légal ». « Il n’existe pas de mot quand on perd son fils ou sa fille », a-t-il déploré, rappelant qu’en 2023, un peu plus de 600 jeunes sont « partis », souvent « dans ces circonstances proches d’Antoine ».
"C’était comme une scène d’attentat. Je me suis allongé sur mon fils, j’ai crié (...) Antoine était foncièrement bon, c’était un gamin super.
On rêvait ensemble qu’il reprenne cette maison, moi ça fait 40 ans que je travaille, ça me faisait plaisir"— Noémie Schulz (@noemieschulz) October 31, 2024
La mère d’Antoine Alléno aussi s’est exprimée, tentant de « tenir le coup ». Évoquant un « combat » chaque matin pour se lever, car elle a « tout perdu ce 8 mai ». « Ça a été un séisme, une catastrophe. On a toujours peur pour ses enfants, mais on n’imagine jamais le pire », a-t-elle confié.
Et de poursuivre : « Je suis arrivée, j’ai vu un drap blanc, j’ai entendu les cris de Yannick qui hurlait. Aujourd’hui je me demande encore si je vais pas me réveiller, si c’était pas un cauchemar. Malheureusement c’est la réalité ».
Vol de voiture, conduite en état d’ivresse et tentative de délit de fuite
Le soir du 8 mai 2022, Franky D. roule, ivre, sans permis, à bord d’une Audi RS6, une puissante berline, à 120 km/h dans le 7e arrondissement de la capitale. Avec cette voiture volée un peu plus tôt à la sortie d’un restaurant où il avait passé la soirée, le jeune homme heurte un VTC, puis un taxi à un feu rouge, à environ 75 km/h. Il perd le contrôle du véhicule et percute un scooter. Il est 23H12.
Le conducteur du deux-roues, Antoine Alléno, 24 ans, et sa passagère, sont éjectés. Le jeune homme succombe à ses blessures, son casque est retrouvé à quelques mètres. La passagère est blessée. Franky D. tente de prendre la fuite à pied, mais il est immédiatement arrêté par un commissaire de police qui n’était pas en service. À 01H35, il est contrôlé avec 1,56 g/l d’alcool dans le sang.
S’il reconnaît les faits, ce membre de la communauté des gens du voyage a toujours affirmé avoir des souvenirs parcellaires en raison d’une consommation d’alcool excessive. Une perte de mémoire jugée peu vraisemblable par l’expert toxicologue. Après le drame, Franky D. effectue plusieurs mois de détention. Il a déjà six condamnations à son actif, mais « pas pour des infractions routières ».
« J’ai commis l’irréparable »
Interrogé par le président ce jeudi, Franky D. a lâché : « Je n’aime pas spécialement la vitesse mais j’aime les grosses voitures », notamment la RS6, admet-il, dont il connaît la puissance : « 600 chevaux ». En 2018, il avait perdu le permis pour excès de vitesse. « J’ai commis l’irréparable », regrette ce père de deux petites filles. Il assure que, sans alcool, « cela ne se serait jamais » produit.
Également prévenus aux côtés du conducteur, René A. 47 ans et Sniper G. 20 ans. Ces derniers, respectivement beau-père et beau-frère de Franky D., comparaissent libres sous contrôle judiciaire, poursuivis pour vol en réunion. Ils contestent les faits.
Ardemment défendue depuis la mort de son fils par Yannick Alléno, la proposition de loi sur l’« homicide routier » devait arriver en deuxième lecture à l’Assemblée nationale avant la dissolution intervenue en juin dernier.
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