Mort d’Alain Delon : parler de lui à la troisième personne, ce tic de langage devenu la signature de l’acteur

Jules César dans le rôle d’Alain Delon, ou l’inverse, dans « Astérix aux Jeux olympiques », sorti en 2008.
Pathé Productions Jules César dans le rôle d’Alain Delon, ou l’inverse, dans « Astérix aux Jeux olympiques », sorti en 2008.

CINÉMA - « Delon, il était bien dans ce film. » Si l’acteur Alain Delon a toujours été loué pour ses talents de comédiens, l’homme a pu agacer en raison d’une habitude jugée égocentrique par certains : celle de parler de lui à la troisième personne.

Mort d’Alain Delon : l’acteur de « La Piscine » et du « Guépard » est décédé à l’âge de 88 ans

Un trait de personnalité de l’acteur, décédé ce dimanche 18 août à l’âge de 88 ans, qui aura souvent été parodié, y compris par lui-même. Pourtant, quand on lui demandait les raisons de ce tic de langage peu ordinaire, la réponse d’Alain Delon était toutefois loin d’être égocentrique.

Interrogé en 1989 dans Les Dossiers de l’écran par Alain Jérôme, le comédien évoquait ses casquettes de producteur, réalisateur et acteur lorsque le sujet arrive sur la table. « Les gens malveillants, il y en a quelques-uns quand même, disent toujours de moi que Delon parle… que je parle à la troisième personne », explique le comédien.

« Lorsque je suis sur un plateau, dans un bureau de production, ou que je parle avec mes associés ou d’autres acteurs, je parle de Delon, je parle de Belmondo, des acteurs que j’engage… », commence-t-il par dérouler. « Parce que si je ne dis pas “Delon”, c’est : “je”, “je”, “j’ai”, “j’ai”… et ça paraît encore plus insupportable que je dis “oui, Delon, il était bien dans ce film” ou “Delon, il a fait cela”. Mais ce n’est pas par souci ou besoin de parler à la troisième personne. »

Le rôle des « Guignols »

Une image prétentieuse ou arrogante, voire d’un acteur imbu de lui-même dont Alain Delon ne s’est jamais détaché. Quelques années plus tard, dans l’émission Bouillon de culture de Bernard Pivot, il avait livré sa définition de l’ego.

« Si vous faites allusion au culte de soi, je pense que ça fait partie de la panoplie des comédiens et des acteurs. Je ne me sens pas vraiment visé, si c’est ce que vous pensez. Je ne suis pas quelqu’un qui a le culte du moi », avançait-il, en estimant avoir plusieurs « confrères beaucoup plus en avance que [...] sur le sujet ».

Interrogé une fois de plus sur sa supposée habitude de parler de lui à la troisième personne, il s’était montré encore plus clair : « Tout ça, c’est des conneries (... ). J’avais plusieurs casquettes et je parlais, lorsque j’étais producteur et metteur en scène, de l’acteur Delon que j’avais engagé (...) et c’est parti, ça a été tourné en dérision, en ridicule. Et maintenant ça permet, d’une certaine façon et dans un certain domaine, aux “Guignols” d’exister un petit peu avec moi ».

Difficile de donner tort au comédien, qui a régulièrement démenti ce malentendu sur la très haute opinion qu’il aurait de lui-même. Comme il le fait lui-même remarquer, il est également important de souligner que Les Guignols de l’info ont grandement participé à la création de ce mythe, comme avec cette séquence de 1992 revenant sur le passage de Delon au 45e Festival de Cannes.

Ceci étant dit, Alain Delon a parfois été l’acteur principal de cette légende en incarnant son propre rôle à plusieurs reprises sur grand écran à la fin de carrière. Et s’il est loin de faire partie du panthéon de sa filmographie, son monologue autoparodique en Jules César dans Astérix aux Jeux olympiques (2008) jouait lui aussi entièrement sur ce ressort comique. Une manière de faire perdurer ce détail auprès d’un public plus jeune et donc moins souvent confronté à la personnalité d'Alain Delon.

À voir également sur Le HuffPost :

Alain Delon : Anouchka Delon accuse ses frères Anthony et Alain-Fabien de « démolir l’image » de leur père

Mort de Donald Sutherland : ces films cultes qui montrent l’étendue de la carrière de l’acteur caméléon