Mort du chef du Hamas: qui pour succéder à Ismaïl Haniyeh à la tête du mouvement islamiste?
Et après? Au lendemain de la mort d'Ismaïl Haniyeh en Iran à la suite d'une frappe aérienne, de nombreuses questions se posent quant à la succession du chef politique du Hamas à la tête du mouvement islamiste palestinien fondé en 1987, à l'origine des attaques terroristes du 7 octobre 2023 en Israël et considérée comme une organisation terroriste par les États-Unis et l'Union européenne.
Dans les semaines qui viennent, d'importantes luttes intestines pourraient avoir lieu au sein du Hamas. Elles pourraient renforcer les faucons du mouvement et provoquer d'importantes représailles envers Israël, à qui l'attaque aérienne sur Téhéran a été imputée, sans que cela n'ait été confirmé par l'État hébreu.
"Nous ne discutons pas de cette nomination actuellement", a déclaré à l'agence de presse américaine Associated Press un responsable du Hamas resté anonyme.
Marzouk dans la lignée d'Haniyeh?
Selon toute vraisemblance, la place laissée vacante par Ismaïl Haniyeh aurait du être prise par Saleh al-Arouri, son adjoint. Or, celui-ci a été tué le 2 janvier 2024 lors d'une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, au Liban.
De fait, à date, plusieurs noms de prétendants reviennent en boucle. Parmi eux, Moussa Abou Marzouk, un haut responsable du bureau politique considéré comme proche des positions d'Ismaïl Haniyeh.
Présenté comme plus modéré que la branche armée du Hamas, ce dernier prône d'accepter les frontières de 1967 pour la création d'un futur État palestinien. Une position controversée au sein du mouvement.
Dans les années 1990, il résidait aux États-Unis où il a été arrêté, accusé d'être lié au financement de la branche armée du Hamas. Il a ensuite vécu en Jordanie, en Égypte et au Qatar. Moussa Abou Marzouk a représenté le Hamas dans plusieurs négociations indirectes avec Israël.
Quelle ligne pour le Hamas?
Selon le Washington Post, le nom de Khaled Mechaal, prédécesseur d'Ismaïl Haniyeh, circule également. Selon le média américain, l'homme a une expérience politique et diplomatique forte et entretient de bonnes relations avec la Turquie et le Qatar, deux pays où le Hamas possèdes des bases.
En revanche ses relations avec l'Iran, partenaire privilégie du mouvement, mais aussi avec d'autres alliés tels que la Syrie et le Hezbollah libanais se seraient détériorées depuis plusieurs années.
À l'image de Moussa Abou Marzouk, Khaled Mechaal est présenté et considéré comme une personnalité plus modérée que Yahya Sinwar au sein du Hamas. Il en était à la tête jusqu'en 2017.
Yahya Sinwar devrait pousser pour Khalil al-Haya, numéro deux du bureau politique du Hamas à Gaza, qui est également son adjoint. En 2006, il dirigeait le bloc parlementaire du Hamas, tout juste sorti victorieux de législatives qui ont dégénéré en affrontements armés avec le mouvement Fatah du président Mahmoud Abbas.
Fervent partisan de la lutte armée, Khalil al-Haya a perdu plusieurs membres de sa famille lors de frappes israéliennes à Gaza en 2007.
Une procédure à long terme?
Selon plusieurs médias anglo-saxons dont la BBC, la nomination d'un nouveau dirigeant du Hamas devrait prendre du temps. Selon la procédure, c'est le Conseil de la Choura, qui constitue le bureau politique du mouvement islamiste, qui élit le nouveau responsable lors d'un rassemblement. Celui-ci est composé de quinze membres nommés par les branches locales.
Or, les membres de ce conseil sont actuellement disséminés à travers le Moyen-Orient, notamment en Turquie ou au Qatar ou certains membres sont partis en exil. Cette distance interdit pour l'heure un rassemblement de manière rapide.
De plus, la mort d'Ismaïl Haniyeh en Iran, pays où il se pensait en sécurité, est un rappel aux membres du Hamas qu'Israël, bien que son implication ne soit pas prouvée dans cette frappe aérienne, possède une force de frappe conséquente. De fait, plusieurs membres importants de ce conseil pourraient avoir des réticences à voyager.