Mort du chef du Hamas: comment l'Iran et ses alliés préparent leur riposte contre Israël

Des représailles à venir? Après la mort du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh dans une frappe imputée à Israël mercredi 31 juillet, l'Iran et ses alliés, dont le Hamas et le Hezbollah libanais, préparent désormais leur riposte, des roquettes ayant déjà été lancées par le mouvement jeudi 1er août dans la soirée en direction du nord d'Israël.

"Israël ne sait pas quelles lignes rouges il a franchies", a lancé jeudi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors des funérailles du chef militaire du mouvement, Fouad Chokr, en menaçant Israël d'une "riposte inéluctable".

Le Hezbollah, allié du Hamas et soutenu par l'Iran, échange des tirs presque quotidiens avec l'armée israélienne le long de la frontière israélo-libanaise depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre.

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La France a appelé ce vendredi les Français de passage "qui se trouveraient encore en Iran" à quitter ce pays "au plus tôt", en raison du risque "aggravé" d'escalade militaire entre Israël et Téhéran, signe d'une inquiétude à l'échelle internationale.

Le Hamas demande une "journée de colère"

Alors que se déroulent ce vendredi dans le nord de Doha les funérailles officielles du chef du Hamas, tué mercredi à Téhéran dans une frappe imputée à Israël, plusieurs appels à la vengeance ont retenti.

Le Hamas a notamment appelé à une "journée de colère" en souvenir de celui qui avait joué un rôle clé dans les négociations entre Israël et le groupe palestinien en vue d'une trêve à Gaza.

Selon le New York Times, qui cite trois responsables iraniens anonymes, l'ayatollah Khamenei a, lors d'une réunion d'urgence du Conseil suprême de sécurité nationale mercredi matin, donné l'ordre de frapper directement Israël, en riposte à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh.

Israël se dit prêt à tout "scénario"

Côté israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a assuré jeudi que l'État hébreu était à un "niveau très élevé" de préparation pour n'importe quel scénario, "tant défensif qu'offensif", selon son bureau.

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La mort d'Ismaïl Haniyeh est survenue quelques heures après une frappe israélienne qui a tué mardi le chef militaire du mouvement islamiste libanais, Fouad Choukr, dans la banlieue sud de Beyrouth.

Ces deux attaques ont ravivé les craintes d'une extension de la guerre à l'ensemble du Moyen-Orient, entre Israël d'une part, l'Iran et les groupes qu'il soutient au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen d'autre part.

Une question "d'honneur"

"ll y aura forcément des représailles pour laver l'honneur de l'Iran", estime de fait auprès de BFMTV le politologue et directeur de l'Observatoire des pays arabes Antoine Basbous.

"L'Iran a été humilié, il a pris une grosse claque et il ne peut pas rester les bras croisés", développe-t-il.

De son côté, le général de l'armée de l'air et ancien leader de la Patrouille de France Patrick Dutartre tempère auprès de BFMTV. "Le vrai risque d'embrasement c'est une troisième guerre du Liban, mais apparemment personne n'en veut", dit-il, tout en ajoutant que "les modes d'actions iraniens sont quand même limités".

Des paroles aux actes

Par ailleurs, le politologue Antoine Basbous rappelle que cette potentielle riposte peut prendre des formes très diverses. Il évoque ainsi de possibles "représailles orales, c'est-à-dire beaucoup de menaces sans action et ça, on l'a vu à maintes reprises. Les Iraniens disent 'nous réagirons au moment opportun avec la cible opportune' et rien ne se passe".

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"Il y a des représailles aussi qui sont sous-traitées aux proxys (forme de diplomates par procuration, NDLR) que l'Iran a placés autour d'Israël" et qui ensuite "peuvent agir de façon coordonnée", indique-t-il.

Troisième scénario, "ils peuvent frapper fort sans prévenir. À ce moment-là, c'est l'engrenage qui est assuré", estime-t-il.

Plus fort que l'attaque de drones en avril?

Pour certains observateurs, l'ampleur de l'attaque iranienne devrait pour autant rester limitée. "L'Iran et le Hezbollah ne voudront pas jouer le jeu de Netanyahu et lui donner l'appât ou les prétextes dont il a besoin pour entraîner les États-Unis dans une guerre", estime auprès de l'Agence France-Presse la maîtresse de conférence à l'université de Cardiff et experte du Hezbollah Amal Saad. "Ils essaieront d'éviter une guerre tout en dissuadant fortement Israël", avance-t-elle.

Selon le politologue et expert dans les affaires internationales Ahmad Zeidabadi, "une riposte plus forte est attendue" de la part de l'Iran que lors de sa frappe du 13 avril, lors de laquelle Téhéran avait lancé une attaque sans précédent de drones et de missiles sur le territoire israélien. Il avait cependant pris le soin d'avertir avant cette riposte les États-Unis, essentiellement par l'intermédiaire de l'ambassade de Suisse à Téhéran.

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"Une répétition de l'opération précédente n'aura pas beaucoup de sens, car les missiles et les drones n'ont pas touché les zones sensibles et n'ont pas eu d'effet dissuasif", explique l'expert iranien.

Article original publié sur BFMTV.com