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Les morsures de serpents classées maladies tropicales négligées

BigBoom/shutterstock.com

Chaque année, plus 5 millions de morsures de serpents se produisent dans le monde. Lesquelles entraînent environ 100 000 décès et 400 000 cas d’invalidité permanente ou de défiguration. Pourtant, des antidotes existent. La décision récente de l’OMS de porter ce fléau au premier niveau de la liste des maladies tropicales négligées est une bonne nouvelle. Les stratégies de prise en charge devraient logiquement être renforcées.

L’Afrique subsaharienne est particulièrement concernée par les morsures de serpent avec plus d’un million de cas chaque année. Ces envenimations entraîneraient 25 000 à 30 000 décès et autant d’invalidités permanentes. La décision de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) d’inscrire ces accidents au premier niveau de la liste des maladies tropicales négligées était très attendue par les spécialistes. Elle « va permettre d’améliorer considérablement le traitement des envenimations en favorisant l’accès aux antivenins et leur emploi dans les centres de santé même les plus reculés d’Afrique subsaharienne », souligne l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).

« Il faut préciser que l’ampleur de la négligence de ce problème de santé publique est accentuée en Afrique par l’inaccessibilité des antivenins », explique le Pr Achille Massougbodji, Directeur de l’Institut de Recherche Clinique du Bénin et Président de la Société Africaine de Venimologie (SAV). « Contrairement à l’Asie ou l’Amérique latine, la plupart des pays subsahariens manque de producteurs d’antivenins. »

Antidotes hors de prix

« La plupart des victimes préfère s’adresser à un thérapeute traditionnel plutôt que de se rendre au Centre de santé pour y recevoir l’antivenin, dont le prix est hors de proportion avec le revenu moyen d’une famille de paysans », précise le Dr Jean-Philippe Chippaux, Directeur de recherche à l’IRD et Président d’honneur de la SAV. « Le marché des antivenins est instable du fait de l’incapacité des producteurs reconnus de fournir un antivenin de qualité à un prix abordable. »

Pour contrer ce cercle vicieux, la SAV a mis en œuvre un plan d’action destiné à « améliorer le recueil de données épidémiologiques, former le personnel de santé à la prise en charge des morsures de serpent, définir les caractéristiques des antivenins appropriés pour l’Afrique et identifier des sources de financements des antivenins ». Dans le détail, « un antivenin doit être efficace contre tous les serpents régionaux, très bien toléré pour être utilisé dans les centres de santé isolés, stable dans les conditions climatiques tropicales et accessible partout où il est nécessaire », précise le Dr Chippaux.

« Le principal défi à relever est désormais de déterminer quels sont les antivenins adaptés à l’Afrique subsaharienne », ajoute le Dr Fabien Taieb, chercheur à l’Institut Pasteur. Des études cliniques pour préciser l’efficacité et la tolérance sont donc attendues pour y parvenir.