Monter une expédition scientifique, déjà un défi en soi !
Définition des objectifs, recherche de financements, campagne de communication, organisation logistique… Une expédition scientifique est aujourd'hui une entreprise au long cours, souvent internationale. Dont le travail de terrain n'est peut-être pas l'étape la plus complexe.
Cet article est issu du magazine Les Dossiers de Sciences et Avenir n°218 daté juillet/ septembre 2024.
En ce début d'été 2024, l'impatience grandit de jour en jour pour les scientifiques de la campagne océanographique franco-vietnamienne Plume. Le navire français Antea est attendu à Haïphong, au Viêtnam. Il embarquera l'équipe pour deux mois de navigation, depuis la baie d'Halong jusqu'au delta du Mékong. Objectif : mesurer l'impact des apports fluviaux (matières naturelles ou polluants) sur les écosystèmes côtiers du pays.
"C'est une occasion unique d'étudier des zones difficiles d'accès et de produire des données qui auront un impact scientifique majeur pour la région", s'enthousiasme Marc Tedetti, océanographe de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), co-responsable du projet Plume. Initié en 2019 mais retardé par l'épidémie de Covid, celui-ci est en passe d'aboutir… après cinq années de préparation. De la définition des objectifs et des moyens humains et matériels à la recherche de financements ou à la communication autour de l'événement, monter une expédition, en effet, n'est pas une mince affaire. Pour Marc Tedetti, le projet a débuté lorsqu'avec quelques chercheurs, il s'est interrogé sur la manière dont le changement climatique et les activités humaines impactent cette zone de l'océan Pacifique. "Nous avons bâti un ensemble de stratégies pour répondre à cette question, chacune pointant vers des équipes spécialisées qu'il a fallu ensuite faire adhérer au projet", raconte le spécialiste.
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En amont de toute expédition, cette indispensable étape de réflexion, qui dure plusieurs mois, sollicite de nombreux laboratoires et instituts de recherche répartis sur tous les continents. Mathieu Ardyna, biologiste océanographe du CNRS au laboratoire franco-québécois Takuvik, complète : "La phase préparatoire nécessite d'estimer le plus précisément possible ce que sera notre tra[...]