Montée des tensions entre Israël et l'Iran, des efforts diplomatiques pour parer à une escalade militaire

Les craintes de voir le Moyen-Orient s'embraser sont bien présentes ce lundi 5 août. Les signes d'un emballement militaire entre Israël d'un côté et le Liban et ses alliés de l'autre se multiplient, moins d'une semaine après les assassinats du chef du Hamas et du chef militaire du Hezbollah libanais.

Les appels aux ressortissants étrangers à quitter le Liban se sont amplifiés ce dimanche et plusieurs vols au départ de Téhéran, capitale de l'Iran, ont été annulés ou reportés ces dernières heures. Le président français Emmanuel Macron et le roi de Jordanie Abdallah II ont appelé ce dimanche à éviter "à tout prix" une escalade.

Téhéran menace Israël d'un "châtiment sévère"

L'Iran, le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah ont accusé Israël de la mort ce mercredi 31 juillet du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué lors d'une frappe sur sa résidence à Téhéran. La veille, Israël avait revendiqué un autre raid qui a tué le chef militaire du mouvement libanais, Fouad Chokr, près de Beyrouth.

Israël n'a pas commenté l'attaque contre Ismaïl Haniyeh, mais a juré de détruire le Hamas après l'attaque menée par ce mouvement le 7 octobre sur son sol, qui a déclenché la guerre dévastatrice à Gaza.

Le guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, a menacé Israël d'un "châtiment sévère", et le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah d'une "bataille ouverte sur tous les fronts", le Hamas et les rebelles yéménites Houthis jurant aussi de riposter.

Un "bunker" à Jérusalem

En face, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant a affirmé que l'armée était "prête à réagir rapidement ou à attaquer". Mais "pour l'instant", la politique de défense intérieure "n'a pas changé", a déclaré à la presse le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, en réponse aux "rumeurs" sur la mise en alerte du pays.

Reste que, dimanche soir, Benjamin Netanyahu a rencontré des hauts responsables de la défense israélienne pour discuter de la future attaque iranienne. Le Times of Israël rapporte que le Shin Bet, service de renseignement du pays hébreu, a été chargé de mettre en état un "bunker" à Jérusalem, où le Premier ministre et son gouvernement pourront opérer en cas d'attaque de grande ampleur.

Côté iranien, le Wall Street Journal affirmait ce dimanche que la République islamique "se fichait" des conséquences d'une attaque sur Israël, qui pourrait pourtant déclencher une guerre régionale.

Plus de navires américains déployés dans la région

Le Liban risque d'être en première ligne de cette escalade. Le ministère libanais de la Santé a indiqué dans la nuit de dimanche à lundi qu'une "frappe ennemie israélienne" avait tué deux personnes à Houla, dans le sud du pays. Un peu plus tôt, l'armée israélienne avait annoncé avoir "identifié un terroriste du Hezbollah pénétrant dans une structure militaire" dans ce secteur, et avoir "frappé" celle-ci. Le Hezbollah a rapporté la mort de deux de ses combattants, sans préciser où ils ont été tués. Les violences transfrontalières ont fait 547 morts, dont 115 civils, au Liban depuis l'attaque du Hamas en Israël en octobre, selon un décompte de l'AFP.

Côté israélien, les sirènes ont à nouveau retenti tôt lundi en Haute-Galilée, en raison d'une attaque aérienne "depuis le Liban", a indiqué l'armée, qui a fait état de deux militaires blessés.

La Suède, la Grande-Bretagne, la France, la Jordanie et l'Arabie saoudite ont appelé leurs ressortissants à quitter le pays. Les États-Unis précisant même à leurs ressortissants de prendre "n'importe quel avion disponible". Le Canada a pour sa part appelé samedi ses ressortissants - déja priés depuis fin juin de quitter le Liban - à "éviter" de se rendre en Israël.

Au vu de "la possibilité d'une escalade régionale par l'Iran et ses partenaires", Washington, principal allié d'Israël, a par ailleurs annoncé "modifier (son) dispositif militaire" pour "améliorer la protection des forces armées des États-Unis" et "doper le soutien à la défense d'Israël".

Davantage de navires de guerre, "porteurs de missiles balistiques de défense" et "un escadron supplémentaire d'avions de combat", vont donc être déployés, a indiqué ce vendredi le Pentagone.

"Simultanément, nous nous efforçons de désamorcer la situation diplomatiquement", a assuré Jon Finer, conseiller adjoint à la sécurité nationale. Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a aussi souligné dans un entretien téléphonique avec le premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani "l'importance pour toutes les parties de prendre des mesures" d'apaisement, selon son porte-parole.

Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, dont le pays est un partenaire clé de Washington, s'est de son côté entretenu à Téhéran avec son homologue et le président, Massoud Pezeshkian. Réunis en visioconférence, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont exprimé leur "forte préoccupation" face à la situation au Moyen-Orient, selon la diplomatie italienne

Article original publié sur BFMTV.com