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Monsieur Juppé, les musulmans n'ont pas à se justifier

Le maire de Bordeaux Alain Juppé, le 18 novembre 2015.

Mardi 17 novembre, suite aux attentats, Alain Juppé demandait aux musulmans de dire clairement «nous ne voulons pas de cette religion». Un citoyen musulman, habitant du 11e arrondissement de Paris lui répond.

Monsieur Juppé,

En lâchant, mardi chez Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFM TV, qu «il [fallait] que les musulmans disent clairement nous ne voulons pas de cette religion», vous entrez dans le club pas très fermé des «pas d’amalgames mais…» Que vous l’ayez fait par imprudence ou pour des considérations politiciennes – primaire à droite oblige –, importe peu. Le résultat est le même. Vous enjoignez des millions de vos compatriotes à se désolidariser des barbares et, de préférence, à le faire de la manière la plus ostentatoire possible. C’est insultant et humiliant ! Se désolidariser de quelqu’un suppose une solidarité antérieure avec cette personne. Sous-entendez-vous que nos compatriotes musulmans seraient secrètement ravis des tueries ? Sont-ils présumés coupables de complicité ?

Monsieur Juppé, dans la précipitation, j’ai oublié de me présenter. Je m’appelle Hatem, j’ai 31 ans. Même si je n’aime pas mettre en avant ma religion – croyant naïvement que l’article premier de la Constitution (1) a encore du sens – je suis de confession musulmane, vaguement pratiquant mais fier de mes origines ethnoculturelles. Je vis en France depuis plus de six ans et, sans doute pour des considérations physiques et de lieu de résidence, je n’ai jamais été victime de discrimination. On ne m’a jamais renvoyé à ce groupe supposé uniforme des «Musulmans de France».

Monsieur Juppé, je vis dans le onzième arrondissement de Paris, à quatre cents mètres du Bataclan et à moins de deux kilomètres de tous les théâtres des tueries parisiennes de ce vendredi. Alors oui, je me sens solidaire. Solidaire de ces bobos parisiens qu’une bonne partie de votre famille politique conspue pour afficher un semblant de proximité avec un peuple qu’elle méprise en soutenant des politiques d’austérité ! Oui, je (...)

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