"Tout le monde est en colère": la visite chahutée du roi d'Espagne, symbole d'une population sinistrée et à bout

Une foule criant "Assassins! Assassins!" et d'autres insultes, des objets et de la boue terminant leur course sur le visage et les vêtements du couple royal espagnol. Les images de la visite à Paiporta du roi Felipe VI et de la reine Letizia, qui étaient accompagnés ce dimanche 3 novembre par le Premier ministre Pedro Sánchez et le président de la région de Valence Carlos Mazón, ont frappé les esprits. Elles témoignent surtout de la frustration, de la vive colère et du désespoir des habitants du sud-est de l'Espagne, où plus de 200 personnes ont perdu la vie dans les inondations de cette semaine.

"Je suis en colère mais il n'y a pas que moi", témoigne Lucia au micro de BFMTV à Paiporta, qui juge "normal" le fait que Felipe VI ait été pris à partie. "Tout le monde ici est en colère contre le gouvernement de la communauté valencienne et le gouvernement central de l'Espagne parce qu'ils ont abandonné les gens."

Française résidant à Valence depuis 25 ans, Stéphanie partage ce sentiment d'avoir été "complètement délaissée" comme d'autres habitants de Chiva, commune également frappée par les inondations où le roi était censé se rendre dans l'après-midi. Une visite finalement annulée après les incidents survenus à Paiporta. Si le souverain était venu, Stéphanie ne pense pas qu'il aurait été mieux accueilli.

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"Ils nous ont laissés mourir comme des chiens", lâche-t-elle. "Tout le monde dit que c'est un assassin parce qu'ils n'ont rien fait. Ils auraient dû prévoir tout ça."

"Au bout de trois jours, l'armée n'était pas là"

Car une partie des vives critiques visant les autorités portent sur le délai qu'il a fallu au gouvernement régional de Valence pour envoyer un message d'alerte téléphonique aux habitants mardi, le jour où des torrents d'eau se sont abattus sur le sud-est de l'Espagne. "Ils ne nous ont pas prévenu pour que les gens puissent se mettre d'une certaine façon à l'abri, à des endroits plus hauts", explique Stéphanie. "On trouve ça honteux."

L'autre sujet au coeur des polémiques est la lenteur des opérations de secours. À Paiporta, Omar et Maria, surtout en colère contre le gouvernement, ont ainsi du mal à comprendre pourquoi "au bout de trois jours l'armée n'était pas là. Ils auraient dû mobiliser les militaires."

"On est dimanche et les militaires sont arrivés hier. C'est mardi soir que c'est arrivé!", souligne Lucia.

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"On a commencé à voir l'armée hier et on voyait beaucoup d'hélicoptères, mais aucune aide", abonde Stéphanie. "Ce sont les voisins qui se sont aidés. C'est vraiment grâce à l'humanité de tout le monde qu'on a pu s'en sortir, manger, boire. Sinon il n'y avait personne pour nous aider."

Après les incidents qui ont marqué sa visite à Paiporta, Felipe VI a déclaré qu'il fallait "comprendre la colère et la frustration" des gens affectés par les inondations. Le Premier ministre Pedro Sánchez a également affirmé comprendre "l'angoisse et la souffrance" des victimes des inondations, mais a condamné "tout type de violence".

Article original publié sur BFMTV.com