"Des gouttes tombaient dans notre escalier" : mon logement est trop humide, que faire ?
GALÈRE DE LOGEMENT - Il n’est pas toujours facile de résoudre un problème dans son logement. Yahoo vous livre les conseils des experts de l’immobilier pour mieux connaître et faire valoir vos droits. L'ordre du jour : l'humidité.
Chez Sylvie, il fait toujours un peu frais. Elle est obligée de laisser la fenêtre des toilettes ouverte une bonne partie de la journée, même l’hiver. Des moisissures et une odeur désagréable sont apparues il y a déjà six ans dans les WC de cette locataire à Biarritz. "Comme l’origine de l’infiltration n’a pas été identifiée, ce souci n’est toujours pas réglé. C’est pénible, car je ne jouis pas de l’appartement dans de bonnes conditions", estime la jeune retraitée, tout en prenant son mal en patience, alors que les expertises s’enchaînent à son domicile.
Romain a eu un peu plus de "chance". Après avoir emménagé avec d’autres vingtenaires dans une colocation à Montreuil, il découvre dès la première averse qu’il pleut dans l’appartement. "L'eau s'infiltrait par le toit-terrasse, des gouttes tombaient dans notre escalier", se souvient-il. L’origine de la fuite est vite identifiée, mais les travaux ont un peu traîné. "On écrivait à notre agence, qui faisait le lien avec le proprio et la copropriété… C’était pesant, car c’était très lent", souffle-t-il en comptant les douze mois nécessaires à la résolution de ce sinistre.
Propriétaire ou locataire : qui est responsable ?
Hélas, les problèmes d’humidité peuvent durer longtemps en l’absence de travaux, une décision qui appartient in fine au propriétaire (ou à la copropriété, si les parties communes sont concernées, comme le toit). Mais il y est contraint par la loi. "Un logement humide, avec des moisissures, est considéré indécent, or le bailleur a l’obligation de délivrer un logement décent", rappelle l’association Consommation Logement Cadre de vie (CLCV).
Les soucis d’humidité sont fréquents, constate David Rodrigues, juriste au sein de l’association. Ils peuvent provenir d’une cause extérieure ou intérieure. "L’hiver, le chauffage dans un logement mal isolé peut causer de la condensation, ce qui fait apparaître des champignons noirs, en particulier dans les coins ou sous les fenêtres", observe-t-il.
Quelles solutions ?
Qu’il s’agisse d’une infiltration ou d’un problème de ventilation, alertez rapidement votre bailleur. Prenez des photos des éventuelles dégradations et notez la date. Vous pouvez lessiver vos murs pour voir si les champignons réapparaissent. Si le problème est récurrent, c’est probablement un souci lié à l’isolation du logement ou au manque de ventilation.
"Beaucoup de propriétaires se défaussent sur le locataire, accusé d'être responsable de l'humidité car il n'aèrerait pas suffisamment", observe David Rodrigues à la CLCV. "C’est vrai qu’il faut aérer un minimum, et ne pas obstruer les grilles d’aération, s’il y en a. Mais trop de logements ne sont pas équipés d’une ventilation adaptée. J’en ai vu un dans lequel le bailleur a fait poser des fenêtres à double vitrage, mais sans réglette d’aération. Très vite, des moisissures sont apparues". Dans ce cas, vous êtes en droit de demander à votre bailleur qu’il fasse installer un système pour améliorer la ventilation de l’air.
Le juriste conseille aux locataires de lire le Diagnostic de performance énergétique (DPE), qui doit leur avoir été donné par le bailleur à la signature du bail. Ce document indique les éventuels points faibles du logement en matière d’isolation, et contient des préconisations de travaux. Vous pouvez aussi déclarer le sinistre à votre assurance, qui enverra un expert dont le diagnostic peut être utile afin de convaincre votre propriétaire de trouver une solution efficace.
Quels recours en cas de blocage ?
"Commencez par en discuter avec votre bailleur par téléphone, ou par email", conseille David Rodrigues. Si malgré vos arguments, étayés par vos photos et peut-être le DPE, votre bailleur n’est pas disposé à agir, le juriste préconise d’envoyer un courrier recommandé avec accusé de réception. Des modèles sont disponibles en ligne, par exemple ici. "Décrivez bien la situation dans le logement, précisez à quelle fréquence vous aérez. Vous pouvez joindre des photos ou un constat d’huissier".
Si ce courrier reste lettre morte, alors il vous faudra envoyer une mise en demeure (un modèle est disponible sur le site de CLCV). "Il faut lui signaler que vous le mettez en demeure d’entreprendre les travaux nécessaires pour corriger ce problème, dans un délai à fixer", précise David Rodrigues. Même si le temps peut vous sembler long, il ne faut pas vous lancer vous-mêmes dans des travaux.
Autre possibilité : saisir la commission départementale de conciliation (CDC, les coordonnées sont en ligne ici) ou le conciliateur de justice. David Rodrigues recommande de saisir d'abord la CDC : "elle est composée d'acteurs du logement qui connaissent bien ces problématiques".
Armez-vous de patience, car ces démarches peuvent mettre 2 à 3 mois avant d'aboutir. En dernier recours, vous pouvez saisir la justice, qui sera en mesure d'obliger le bailleur à effectuer des travaux et à vous verser des indemnités.
VIDÉO - Comment chasser l'humidité de chez soi ?