En Moldavie, le référendum sur l’adhésion à l’UE victime d’interférences russes selon Bruxelles
INTERNATIONAL - Si les messages arrivent de toute l’Europe pour féliciter Chisinau, la menace d’ingérences étrangères plane sur le pays. Lors d’un point presse qui s’est tenu ce lundi 21 octobre à Bruxelles, un porte-parole de la Commission européenne a pointé un climat d’« interférence sans précédent » entourant le référendum sur l’UE qui a eu lieu ce week-end en Moldavie, au même moment que le premier tour de l’élection présidentielle.
En Moldavie, le référendum sur l’UE connaît une issue (très) serrée après les ingérences russes
Et c’est la Russie qui est tout particulièrement visée par ces accusations venues de l’Union européenne. « Nous avons relevé que le vote avait eu lieu dans un contexte d’interférence et d’intimidation sans précédent de la part de la Russie (...) visant à déstabiliser le processus démocratique dans la république de Moldavie », a ainsi déclaré Peter Stano, porte-parole de la Commission.
Selon les observateurs des scrutins cités lundi par le Conseil de l’Europe, l’élection présidentielle et le référendum ont été « bien gérés » malgré de « graves tentatives de saper leur intégrité ».
« Ingérences sordides »
Dans la nuit de dimanche à lundi, déjà, la présidente moldave pro-européenne Maia Sandu (candidate à sa réélection) avait dénoncé « une attaque sans précédent contre la démocratie » et promis de « ne pas plier » au moment où le vote par référendum sur l’adhésion du pays à l’UE était encore dominé par le « non ». Le « oui » a finalement pris le dessus de justesse lundi matin.
Malgré son arrivée en tête du premier tour et une courte victoire du « oui », Maia Sandu a renouvelé ces accusations ce lundi, en dénonçant des « ingérences sordides », même si la Moldavie a « gagné honnêtement dans un combat injuste ». La présidente a également évoqué « des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, (qui) ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande » pour tromper et corrompre des électeurs.
Avec la courte victoire du « oui », les négociations d’adhésion avec l’UE juste avant l’été devraient donc suivre leur cours, même si la dirigeante de l’ex-république soviétique se retrouve fragilisée avant le second tour. Au premier tour de la présidentielle, Maia Sandu est arrivée en tête avec 42 % des voix. Devant Alexandr Stoianoglo (26 %,) un ex-procureur soutenu par les socialistes prorusses et qui semble bénéficier d’une plus grande réserve de voix du côté des petits candidats.
Moscou évoque des « anomalies »
Au vu des enjeux, Moscou et Bruxelles avaient donc tout intérêt à suivre de près les résultats de ces scrutins moldaves. Malgré ce climat d’incertitude inquiétant, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola a félicité ce lundi la Moldavie pour son « courage » après la victoire étriquée du « oui ».
« Bravo la république de Moldavie ! Merci pour votre courage », a écrit Roberta Metsola sur X, ajoutant que l’avenir de l’UE et de la Moldavie « s’écrira ensemble ».
Well done Republic of Moldova! Thank you for your bravery.
Thank you @sandumaiamd. Your leadership and courage have changed the course of history.
Europa este Moldova. Moldova este Europa.
Our future will be written together 🇪🇺🇲🇩 pic.twitter.com/ZazzoVgtce— Roberta Metsola (@EP_President) October 21, 2024
Même son de cloche ou presque pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Cette dernière a salué le vote en faveur de l’adhésion à l’UE, sans oublier de noter des « stratégies hybrides » russes dans le processus de vote.
Congratulations to the people of Moldova and to you, @sandumaiamd
You’ve done it again!
In the face of Russia’s hybrid tactics, Moldova shows that it is independent, it is strong and it wants a European future! https://t.co/R9v95YnHh7— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) October 21, 2024
Face à ces « graves accusations », le Kremlin a exigé des « preuves », tout en dénonçant des « anomalies » dans le comptage des voix du référendum. À cette heure, les résultats du référendum offrent une marge de quelques milliers de voix au « oui », arrivé en tête avec 50,45 %. Une victoire de justesse grâce au vote de la diaspora, selon les résultats quasi-définitifs.
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