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Mohamed Morsi enterré, polémique autour de sa mort

Décédé hier après un malaise au tribunal, l'ancien président égyptien Mohammed Morsi a été enterré ce mardi matin dans un quartier de l'Est du Caire. Son fils a dénoncé le refus des autorités de l'inhumer dans sa province natale, mais était présent aux funérailles avec le reste de sa famille. La prière funèbre a été dite à l'hôpital de la prison de Tora où il étaient détenu depuis 6 ans, dans des conditions dénoncées par nombres d'ONG. L'un des premiers à lui avoir rendu hommage a été Recep Tayyip Erdogan. Le président turc l'a qualifié de martyr. Proche allié de Mohammed Morsi et de la confrérie des Frères musulmans, Erdogan blâme, je cite, le tyran égyptien : "A nos yeux, Morsi est un martyr qui a perdu la vie alors qu'il se battait pour la cause en laquelle il croyait. L'histoire n'oubliera jamais les tyrans qui l'ont mis en prison, qui l'ont menacé de la peine de mort et causé son martyre." Pour les Frères musulmans, la mort de Mohammed Morsi est un meurtre. l a confrérie islamiste sunnite a appelé les foules à le dénoncer en se rassemblant devant toutes les ambassades égyptiennes à travers le monde. D'une autre manière, l'ONG Human Rights watch a été très critique envers Le Caire, Amr Magdi : "Nous pensons que l'isolement du Président Morsi et le manque de soins médicaux adéquats pourraient relever de la torture selon la convention des nations unies contre la torture et selon les règles de bases des conditions de détentions que le gouvernement égyptien a complètement ignoré et négligé." L'ONG Amnesty International a demandé aux autorités une "enquête immédiate" sur la mort de Mohammed Morsi. En mars 2018, une commission britannique indépendante avait condamné son maintien à l'isolement 23 heures par jour, dans des conditions de détention pouvant "relever de la torture ou du traitement cruel, inhumain ou dégradant". "Le refus d'un traitement médical de base auquel il a droit pourrait entraîner sa mort prématurée", avait déclaré devant le Parlement britannique le député Crispin Blunt, président de cette commission. Mohamed Morsi avait été condamné à un total de 45 ans de prison dans deux affaires, incitation à la violence contre des manifestants fin 2012 et espionnage au profit du Qatar. Il était aussi jugé dans deux autres procès et risquait une condamnation à mort et une réclusion à perpétuité. Répression Depuis sa destitution, son tombeur et ancien ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sissi a mené une répression sans merci contre l'opposition islamiste et en particulier les Frères musulmans, dont des milliers de membres ont été emprisonnés. Plusieurs d'entre eux sont décédés en détention. Après la destitution de Morsi, policiers et soldats ont tué plus de 1 400 manifestants pro-Morsi en quelques mois. Des centaines ont été condamnés à mort, dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente". Après l'annonce de la mort de Morsi, la télévision égyptienne, soutien du régime actuel, a diffusé en boucle des images de violences et d'attentats, accusant les Frères musulmans de "terrorisme" et de "mensonge". Les campagnes médiatiques contre la confrérie, et contre la Turquie et le Qatar qui la soutiennent, sont récurrentes en Egypte. Les années qui ont suivi le coup de force de l'armée en Egypte ont vu une succession d'attaques visant les forces de l'ordre. Des centaines de policiers et militaires ont été tués, en même temps qu'émergeait une véritable insurrection djihadiste localisée dans le nord-Sinaï, devenu un bastion du groupe Etat islamique.