Mohamed Al Fayed : « le pire des méthodes Weinstein et Epstein », dénoncent ses près de 40 accusatrices

INTERNATIONAL - Un réseau de victimes tentaculaire. Au moins 37 femmes accusent désormais l’ex-propriétaire de Harrods Mohamed Al-Fayed de violences sexuelles, ont annoncé ce vendredi 20 septembre plusieurs avocats de victimes présumées, qui vont intenter une action au civil contre le célèbre grand magasin.

Mohamed Al Fayed, père de Dodi Al Fayed et patron de Harrods, accusé de viol par plusieurs femmes

Lors d’une conférence de presse organisée à Londres, les avocats des nombreuses plaignantes ont dressé un portrait particulièrement inquiétant de l’homme d’affaires décédé en 2023. Selon des propos rapportés par Sky News, le milliardaire égyptien a été décrit comme un « monstre rendu possible par un système qui imprègne Harrods ». Raison pour laquelle, une action au civil va être lancée contre l’enseigne londonienne, rachetée en 2010 par le fonds souverain Qatar Investment Authority.

L’avocat Dean Armstrong KC a également déclaré que l’affaire « combine certains des méthodes les plus horribles » d’autres dossiers similaires, tels que ceux de Jeffrey Epstein et Harvey Weinstein, ou celui de Jimmy Savile, un présentateur vedette de la BBC accusé d’être un prédateur sexuel ayant commis des centaines d’agressions, étalées sur des dizaines d’années.

« L’heure de la justice est arrivée », a ensuite déclaré l’avocate américaine Gloria Allred. Il y a des victimes « partout dans le monde », a surenchéri son confrère Bruce Drummond. Les plaignantes viennent en effet de Malaisie, d’Australie, d’Italie, de Roumanie, des États-Unis et du Canada, et l’une d’entre elles n’avait que 16 ans lorsqu’elle dit avoir été agressée.

Celui qui était par ailleurs le père de Dodi − dernier amant de la princesse Diana, mort avec elle dans un accident de voiture à Paris en 1997 − était « intelligent et très manipulateur », a dit une des victimes présumées, Natacha, présente à cette conférence de presse. « C’était un monstre même si nous n’en avions pas conscience à l’époque ».

La direction de Harrods dans le viseur

Cette conférence de presse intervient au lendemain de la diffusion d’une enquête de la BBC, intitulée Al-Fayed : un prédateur chez Harrods, dans laquelle une vingtaine de femmes ont témoigné pour ce documentaire. Cinq d’entre elles l’accusent de viols, commis à Londres ou à Paris, d’autres dénonçant des tentatives de viols et des agressions sexuelles.

À Londres, ce vendredi, les avocats des victimes présumées ont également appelé d’autres éventuelles victimes à se manifester. Car si les agressions ont principalement eu lieu dans l’environnement de Harrods, certaines se sont produites aussi au Ritz à Paris, dont l’homme d’affaires était aussi propriétaire, ainsi que dans sa résidence parisienne, la villa Windsor.

Désormais, les regards se tournent vers la célèbre enseigne de magasins, cible choisie par les avocats des victimes « au nom de la responsabilité collective d’entreprise », précisant qu’ils disposent déjà d’éléments montrant que ces agissements constituaient un schéma répétitif.

« Si la direction de Harrods pense qu’elle doit dédommager ces femmes financièrement (...) bien sûr c’est quelque chose que nous saluerions, mais nous n’accepterons pas qu’on nous accuse d’être intéressés seulement par l’argent. Il s’agit de bien plus que cela », a-t-il ajouté.

Gloria Allred, avocate américaine connue pour défendre les droits des femmes, a souligné que « sous le strass et le glamour » du célèbre grand magasin, existait « un environnement toxique, dangereux et violent ». Selon elle, les agissements d’Al-Fayed étaient « constants et répétés », évoquant par là même « un quart de siècle de violences sexuelles à Harrods ».

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