Modernité

Deux mondes s’affrontent. Non pas les deux mondes du macronisme en marche, quelque peu factices : ceux de l’ancienne agriculture et de la nouvelle. Le productivisme soutenu par la chimie - on l’oublie parfois - a fait progresser comme jamais les rendements agricoles, nourri la planète et abaissé dans des proportions jamais rencontrées le prix des denrées alimentaires. Mais il a fait son temps. L’exemple du glyphosate en fournit le symbole éclatant. Il est clair que ce produit, longtemps bénéfique à l’économie agricole, recèle de réels dangers pour la santé publique. Il renvoie aussi à la domination dangereuse des multinationales sur la chaîne alimentaire mondiale, tel Monsanto, ce Léviathan sans frontières. Les tenants du passé, dont on peut comprendre les motivations, tant les agriculteurs travaillent sous la pression éreintante de la compétitivité qui allonge sans cesse les heures de travail et entretient le crève-cœur de l’endettement, soutiennent qu’il n’existe pas, ou pas encore, de solution alternative. Notre enquête montre le contraire : l’alliance de la technologie et de l’écologie offre une perspective inédite, crédible, soutenable, à la dispersion incontrôlée de substances dont chacun sait bien qu’elles nuisent à tous. Le Parlement européen, pour prendre un seul exemple, l’a bien compris, puisqu’il vient de proposer l’abandon progressif du glyphosate, étalé sur une période de cinq années. C’est la voie de la sagesse autant que de la modernité. Symbolique, concret, positif, le remplacement de ce produit nocif par une panoplie de techniques et de savoir-faire nouveaux placera l’Europe en tête de la nouvelle révolution agricole. Ses représentants assemblés doivent maintenant passer à l’acte, en décidant, dans un délai raisonnable mais court, de donner la priorité à la santé à long terme sur le calcul économique à court terme.



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