Mode de vie : vivre à Évian et travailler à Lausanne

Le quotidien suisse Le Temps consacre une série aux transfrontaliers. Dans l’un de ces articles, il évoque le parcours, au sens figuré comme littéral, de la française Charlotte Jacobsen, installée à Évian et qui fait tous les jours la traversée de trente-six minutes pour aller travailler à Lausanne. “Elle fait partie des 45 074 frontaliers étrangers trimant dans le canton de Vaud – selon les chiffres 2023 de l’Office fédéral de la statistique, qui recensait, à la fin de l’année passée, 392 831 personnes turbinant sur sol helvétique, tout en arborant un autre drapeau. En vingt ans, ce nombre a plus que doublé, signe de vitalité économique a priori.”

Éditrice à Paris, elle devient libraire à Thonon puis postule chez Payot, de l’autre côté de la frontière. Elle vient d’ailleurs, à l’âge de 47 ans, d’obtenir son certificat fédéral de capacité (CFC) de libraire, “une formation qu’elle a suivie avec des collègues de 20 ans”, note le journal. À Évian, de nombreux autres français suivent, comme elle, le chemin de la Suisse : “Dans cette ville où on a l’impression d’être en vacances toute l’année, il est naturel de travailler en Suisse, même si pour mes compatriotes, ça reste exotique”, dit-elle. Exotique, mais aussi parfois infernal car les conditions de traversée sont loin d’être bonnes. “Ce bateau est une bétaillère. On se bouscule tant il y a de monde, il n’y a pas de places assises, on grelotte en décembre, suffoque en juillet. C’est bruyant au possible, il n’y a pas de consigne de discrétion. On nous fait miroiter de nouveaux bateaux plus confortables, mais rien n’arrive.”

Mais ce voyage quotidien en vaut la peine, ne serait-ce que pour les salaires bien plus élevés qu’en France. “Cela me permet d’exercer le métier que j’aime en gagnant correctement ma vie, même s’il y a des frais, comme la Sécurité sociale à payer en France et l’abonnement à la CGN [la Compagnie générale de navigation, sur le lac Léman].” Autre différence : une culture du travail différente. En Suisse, on ne règle pas ses différends entre collègues, mais on s’adresse directement au manageur, qui fait office de médiateur.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :