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Mission en Martinique pour jauger des besoins face au virus Zika

par Cécile Everard FORT-DE-FRANCE, Martinique (Reuters) - Une mission de l'Établissement de préparation et de réponses aux urgences sanitaires (Eprus) est arrivée vendredi soir en Martinique, à la demande de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour évaluer les besoins complémentaires à fournir aux hôpitaux et aux médecins de l'île face à l'épidémie provoquée par le virus Zika. La mission devrait ensuite se rendre en Guyane. L'Amérique du Sud fait face depuis l'an dernier 2015 à une épidémie de virus Zika, et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la tenue lundi d'une réunion d'urgence, après avoir parlé d'une propagation "explosive" du virus dans les Amériques. Dans sa livraison de vendredi, le bulletin de la cellule interrégionale épidémiologique (Cire Antilles Guyane), antenne locale de l'Institut national de veille sanitaire, fait état de "la poursuite de la circulation virale" en Martinique, avec 2.287 cas évocateurs de Zika depuis le 28 décembre et 245 cas depuis le début du mois de décembre en Guyane. La Guadeloupe n'est pas encore en situation d'épidémie, mais affiche 10 cas confirmés. "Nous ne sommes ni dépassés ni surpris", indique Eric Fontanille, le conseiller sanitaire de zone de l'Agence régionale de santé de Martinique. "Nous ne nous attendons pas à un débordement, que ce soit au niveau de la médecine de ville ou des urgences." Zika est le nom du virus transmis par le moustique Aedes Aegypti. La maladie qu'il engendre est le plus souvent bénigne, et, à 80%, asymptomatique. La maladie est qualifiée de "petite dengue", par le Dr André Cabié, chef du service des maladies infectieuses au CHU Pierre Zobda Quitman, de Fort-de-France, car elle ne présente généralement pas la gravité de la dengue ni les douleurs persistantes du chikungunya, auquel les Antilles-Guyane ont eu à faire face en 2014. Le Zika ne peut s'attraper qu'une seule fois. INQUIÉTUDE POUR LES FEMMES ENCEINTES Deux cas de complications existent cependant : Le premier est le syndrome de Guillain-Barré, dû à une atteinte des nerfs périphériques, pouvant conduire jusqu'à des paralysies, le plus souvent réversibles. La Polynésie française, qui a connu une épidémie de Zika, a présenté une incidence de ce syndrome 30 fois supérieure à la moyenne, avec 42 cas entre octobre 2013 et avril 2014. Le CHU de Martinique a ainsi demandé et dégagé des moyens supplémentaires notamment pour ses services de réanimation et de neurologie, pour faire face une augmentation de quelques dizaines de malades supposés du syndrome de Guillain-Barré durant l'épidémie. Mais l'inquiétude est nettement montée ces derniers jours concernant les femmes enceintes des Antilles-Guyane comme de l'Hexagone, après les déclarations de Marisol Touraine, qui a recommandé "aux femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse" de reporter leur voyage aux Antilles-Guyane. Cette sortie fait suite aux recommandations du Haut conseil de la santé publique du 22 janvier, qui se base sur l'orientation actuelle de l'épidémie au Brésil, où elle a débuté en avril 2015. Dans ce pays, au 23 janvier, il y avait 4.180 cas suspectés de microcéphalie en lien avec le Zika (anomalie de croissance de la boîte crânienne) , dont 270 cas confirmés. "Toutefois, les médecins n'ont pu détecter le zika, de manière biologique, que dans six cas sur ces 270. Le Brésil possède 204.000 millions d'habitants et assure 3,1 millions de naissances par an", tempère le Dr Bruno Schaub, gynécologue-obstétricien, coordonnateur du Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal de Martinique et directeur du registre des malformations congénitales des Antilles. "On est loin des générations de microcéphales annoncées!" (édité par Eric Faye)