Missiles, infiltrations du Hezbollah... Les scénarios possibles de l'escalade entre Israël et l'Iran
Près d'une semaine après l'assassinat du chef du Hamas, les tensions entre Israël et l'Iran atteignent un stade critique, au point de mobiliser l'ensemble de la diplomatie internationale. Tous les regards sont désormais tournés vers l'Iran qui a clamé son droit de "punir" Israël.
La crainte d'une escalade grandit. Les manœuvres diplomatiques se sont intensifiées ce lundi 5 août pour tenter d'éviter une escalade militaire au Moyen-Orient entre l'Iran et ses alliés d'une part et Israël de l'autre.
À l'origine de cette montée de fièvre: l'assassinat du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, le 31 juillet à Téhéran. L'Iran, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais ont accusé Israël d'en être à l'origine. La veille, une frappe israélienne avait tué le chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, près de Beyrouth.
Israël n'a pas commenté la mort d'Ismaïl Haniyeh, mais avait promis de détruire le Hamas après l'attaque sans précédent menée par ce mouvement le 7 octobre sur son sol, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Plusieurs scénarios possibles
En réponse, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé qu'Israël avait franchi des "lignes rouges". Le guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, a lui agité la menace d'un "châtiment sévère".
"L'Iran a légalement le droit de punir" Israël, ont insisté les autorités iraniennes.
Mais par quels moyens? Plusieurs scénarios sont possibles avec "deux possibilités majeures" selon le colonel Vincent Arbaretier, historien militaire, docteur en science politique et histoire contemporaine sur BFMTV.
La première consisterait en "une attaque à partir des zones du Hezbollah avec des missiles comme cela a déjà été le cas les nuits précédentes, mais avec des missiles en grand nombre, suffisamment pour saturer le dôme de fer (qui protège Israël des attaques aériennes, NDLR)".
Le spécialiste a ajouté: "La deuxième possibilité pour l'Iran serait d'actionner à partir du sud-Liban des infiltrations militaires de terroristes qui viendraient semer la terreur parmi les habitants qui seraient encore à proximité de la frontière libanaise."
Une troisième possibilité, moins probable, serait d'atteindre des "cibles israéliennes" en dehors du pays comme "aux Jeux olympiques ou dans des grands événements ailleurs dans le monde". "Cela demanderait plus de temps à organiser. Ce n'est donc pas vers ce genre d'événements qu'on va s'acheminer."
Une attaque moins "calibrée" qu'en avril
Lundi, l'armée israélienne a annoncé l'arrivée en Israël du chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, le général Erik Kurilla, pour évaluer la situation en matière de sécurité.
Les États-Unis, principal allié d'Israël, ont musclé leur dispositif militaire au Moyen-Orient tout en disant chercher à "désamorcer la situation diplomatiquement".
"Le renfort annoncé par les Américains avec des moyens antimissiles et l'arrivée du général Kurilla démontre l'inquiétude des Américains, même si on se retrouve un peu dans la même configuration qu'en avril", a commenté sur BFMTV Jean-Paul Paloméros, ancien chef de l'armée de l'air et ancien commandant allié de l'Otan.
Dans la nuit du 13 au 14 avril, l'Iran avait tiré des centaines de missiles et drones sur Israël, en représailles à une attaque meurtrière contre son consulat à Damas attribuée à Israël.
"L'attaque d'avril avait été calibrée. L'Iran n'avait pas déployé l'ensemble des moyens qui étaient à sa disposition", a ajouté Jean-Paul Paloméros.
Il a toutefois poursuivi: "Il n'est pas impossible que cette fois-ci Israël ait à faire face à des attaques coordonnées, ce qui complexifierait évidemment le problème."
De son côté, le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense de BFMTV, craint des pertes civiles et une escalade incontrôlable. "La véritable question est de savoir quelle va être l'ampleur de cette riposte iranienne. S'il y a des pertes parmi la population civile israélienne, on change réellement de dimension par rapport à ce qui s'était passé en avril. Tous les scénarios sont sur la table."
Des frappes préventives d'Israël?
Alors que l'ensemble de la diplomatie internationale s'inquiète d'une irruption directe de l'Iran dans le conflit au Proche-Orient, Israël et le Hezbollah continuent de s'échanger des salves de missiles, en parallèle de la guerre à Gaza.
Trois personnes ont été tuées ce lundi par des frappes israéliennes dans le sud du Liban, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé libanais. Le Hezbollah a lui revendiqué une série d'attaques contre des positions militaires israéliennes, dont l'une à l'aide de drones chargés d'explosifs.
Dans ce contexte tendu, l'aviation israélienne a franchi à deux reprises en milieu de journée le mur du son au-dessus de Beyrouth, selon l'Agence nationale d'information libanaise, ce qui a suscité l'inquiétude dans la capitale.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait affirmé dimanche que son pays était prêt à faire face "à l'Iran et ses sbires sur tous les fronts". "Quiconque tue nos citoyens ou nuit à notre pays (...) paiera un prix très élevé", avait-il averti.