Ces ministres pour qui le cumul des mandats n’est pas un problème
Fabrice Loher, François Durovray, Nicolas Daragon… : au moins trois membres du gouvernement Barnier refusent de lâcher leur casquette d’élu local.
POLITIQUE - Fabrice Loher se veut « les deux pieds dans la réalité ». Pour son premier déplacement, le nouveau ministre de la Mer était ce mercredi 25 septembre sur l’île d’Houat, dans le Morbihan. Un morceau de terre situé à quelques kilomètres de Lorient, une ville qu’il connaît bien pour en être… le maire.
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Depuis sa nomination dans l’équipe de Michel Barnier, l’homme se trouve dans une position alambiquée : à la fois maire et ministre, il cumule deux fonctions importantes et doit partager son temps entre la capitale et la préfecture morbihannaise. « La ville, j’y tiens », confirme l’élu UDI auprès de Ouest-France.
Avant d’expliquer les raisons pour lesquelles, selon lui, le Premier ministre l’a choisi : « On vient me chercher pour mon ancrage local et je tiens à le garder. Et en même temps, une expérience ministérielle et une bonne connaissance des branches de l’État ne peuvent que venir renforcer l’action publique locale ».
L’un de ses collègues se trouve dans la même position. Nommé à la Sécurité du quotidien auprès du ministre de l’Intérieur, Nicolas Daragon (LR) n’entend pas lâcher Valence, ville qu’il dirige depuis 2014. Pas plus que ses fauteuils de vice-président de la région Auvergne Rhône-Alpes et de président de l’agglomération Valence-Romans.
Pas d’obligation légale
Jusqu’à l’indigestion ? Le principal intéressé voit au contraire cette multiplication des responsabilités comme un atout. « Michel Barnier a su faire confiance à des élus locaux. Ce n’est pas souvent que des maires sont en charge de la sécurité à l’échelle nationale », a-t-il déclaré peu après avoir été nommé au gouvernement.
Localement, l’opposition de gauche dénonce le risque d’un maire aux abonnés absents, plus occupé à gérer ses dossiers à Paris qu’à réellement faire tourner la ville. « Quelle image donne-t-on aux citoyens ? Ils élisent un maire qui déjà cumule des mandats, qui est nommé ministre, qui ne sera quasiment plus présent sur place et qui délègue. Son argument est de dire que son équipe est responsable et qu’elle connaît les dossiers. Si ses élus sont compétents, qu’il leur laisse la place, qu’il démissionne », fustige Jimmy Levacher, élu d’opposition au conseil municipal de Valence proche de La France insoumise, auprès de France 3.
Au sein du gouvernement, d’autres s’interrogent. Faut-il privilégier les responsabilités nationales, au risque d’abandonner le terrain et de s’éloigner des électeurs ? Aux Transports, François Durovray a tranché : il restera président du conseil départemental de l’Essonne, mais démissionne de son poste d’adjoint à la mairie de Montgeron.
Aux Sports, à la Jeunesse et à la Vie associative, Gil Avérous a fait un choix plus clair : il va « temporairement » mettre au placard son écharpe de maire. Légalement, rien ne l’oblige à le faire. On entre au gouvernement par nomination et non en étant élu. Contrairement aux parlementaires qui, depuis la loi sur le non-cumul des mandats votée sous la présidence de François Hollande en 2014, ne peuvent plus exercer plusieurs mandats à la fois.
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