Une ministre britannique emportée par des affaires de corruption au Bangladesh

Tulip Siddiq, alors députée de l’opposition, photographiée en 2019 à Londres.

“C’était une simple question de temps”, assure The Spectator. Dans la tourmente depuis plus d’un mois, la ministre déléguée à la lutte anticorruption britannique a fini par démissionner, mardi 14 janvier. “Tout commence le 19 décembre par une enquête lancée au Bangladesh pour des soupçons, eh bien, de corruption”, retrace, non sans ironie, le magazine conservateur.

Tulip Siddiq, membre du Parti travailliste, aurait potentiellement bénéficié de détournements de fonds liés au régime de Sheikh Hasina, ancienne Première ministre bangladaise, renversée en août dernier, et… tante de l’élue londonienne de 42 ans. “Elle rejette ces allégations”, précise The Spectator, comme l’essentiel des révélations publiées par la presse britannique après l’ouverture de cette investigation au Bangladesh.

Appartements donnés à titre gracieux

Au fil des semaines, le Financial Times, le Sunday Times et le tabloïd Mail on Sunday divulguent ainsi de nouvelles informations embarrassantes, dont l’une retient particulièrement l’attention des médias : Tulip Siddiq aurait vécu dans deux appartements de Londres donnés gracieusement par un proche de la Ligue Awami, la formation de centre gauche de Sheikh Hasina.

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“Son nom est aussi revenu dans une seconde affaire de corruption au Bangladesh, le dimanche 12 janvier”, complète The Spectator. Au détour d’une interview accordée au Sunday Times le même jour, Muhammad Yunus, Premier ministre du gouvernement intérimaire bangladais, accentue la pression sur Tulip Siddiq. “C’est du vol pur et simple”, lâche-t-il au journal dominical, en allusion aux propriétés londoniennes. “Si une ministre du gouvernement britannique est impliquée, c’est un gros problème.”

“Erreur élémentaire”

À l’issue d’une courte enquête interne, le conseiller éthique du gouvernement britannique, Laurie Magnus, juge qu’“aucune règle n’a été enfreinte” mais se déclare, mardi 14 janvier, “dans l’incapacité d’obtenir des éléments satisfaisants liés au statut des logements” évoqués par les médias.

Sa position devenue intenable, la ministre rattachée au portefeuille des Finances finit par communiquer sa démission au Premier ministre, Keir Starmer, en fin de journée mardi. “La leçon de cette saga, c’est que Mme Siddiq aurait dû se rendre compte il y a plusieurs semaines déjà qu’un rôle dans le domaine de l’anticorruption était incompatible avec le caractère flou de ses propres affaires, soupire le quotidien The Times dans son éditorial du 15 janvier. Après des années de remise en question de la probité des conservateurs [au pouvoir jusqu’en juillet dernier], il est également surprenant de voir le Premier ministre commettre une erreur aussi élémentaire, à savoir nommer ministre une personne […] qui ne semble pas avoir fait preuve de transparence sur sa situation personnelle, tant financière qu’immobilière.”

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