Un mineur "exploité": un dealer d'héroïne de 12 ans interpellé à Compiègne

Le jeune garçon revient régulièrement dans le quartier du Clos-des-Roses à Compiègne. (Illustration) - Google StreetView
Le jeune garçon revient régulièrement dans le quartier du Clos-des-Roses à Compiègne. (Illustration) - Google StreetView

C'est un jeune garçon en situation de vulnérabilité. Une situation sociale et familiale dont des têtes de réseau de stupéfiant ont profité. Un adolescent de 12 ans a été placé en retenue judiciaire lundi après-midi, interpellé dans le quartier du Clos-des-Roses, à Compiègne, dans l'Oise. Mesure équivalente à la garde à vue pour les majeurs qui a été prolongée au bout de 12 heures, avant d'être présenté à un juge pour enfant.

Cet adolescent avait été repéré dès l'été 2021 par les autorités et les services de police qui travaillent sur les trafics de stupéfiants dans ce quartier sensible de l'Oise, comme l'a détaillé Le Parisien.

"Il a commencé en qualité de guetteur, puis est monté en grade, a pris du galon", confirme à BFMTV.com la procureur de la République de Compiègne.

Interpellé à plusieurs reprises

Cannabis, crack, héroïne, le jeune garçon participait de façon directe à la vente de stupéfiants. C'est d'ailleurs après l'avoir observé pendant plusieurs heures que les policiers de Compiègne l'ont arrêté lundi. Il disposait de 600 euros en liquide sur lui. Les fonctionnaires ont ensuite retrouvé dans une pochette une importante quantité de drogue, dont 100g d'héroïne.

En décembre dernier, l'adolescent avait déjà été interpellé dans le quartier. De la drogue avait été retrouvée sur lui. Le 6 mars dernier encore, les policiers le plaçait en retenue judiciaire. Là encore ils avaient récupéré des stupéfiants. A chaque fois, une importante somme d'argent est aussi récupérée. "Il s'avère qu'on le retrouve toujours au Clos-des-Roses", développe la magistrate.

Ce jeune garçon est un mineur en danger placé sous l'autorité de l'Aide sociale à l'enfance, placé dans un foyer à Compiègne à proximité du Clos-des-Roses.

"C'est dans le cadre de ces placements qu'il découvre le fonctionnement du quartier et qu'il tisse des liens avec les têtes de réseau", constate la procureure de Compiègne. Une bascule dans la délinquance mais aussi dans la drogue, alors que ce jeune garçon était aussi rémunéré en cannabis.

Des mineurs "exploités"

Ces majeurs "exploitent" des adolescents, surtout face à la politique intensive de lutte contre les trafics de drogue sur ce territoire qui a désorganisé le fonctionnement et l'organisation de ces réseaux.

Ces mineurs, déjà en situation de fragilité et de vulnérabilité, sont attirés par l'appât du gain et l'image positive du dealer. Privés de main d'oeuvre locale, les chefs de ces réseaux font aussi appel aux jeunes mineurs car ils ne risquent pas de poursuite judiciaire.

En matière de poursuites pénales pour les mineurs, il existe en effet un principe de non-discernement en dessous de l'âge de 13 ans. En clair, un adolescent de moins de 13 ans n'est pas jugé capable de comprendre les conséquences de ses actes, sauf à apporter la preuve du contraire.

Après que sa retenue judiciaire a été prolongée de 12 heures, c'est désormais un juge pour enfant de Bobigny - la règle étant que la juridiction compétente est celle du domicile habituel du mineur, à savoir celui de sa famille - qui doit gérer le cas de cet adolescent.

Article original publié sur BFMTV.com