Des milliers de musulmans crient leur colère

Du Pakistan à la Jordanie, la une de l’hebdo satirique a provoqué des manifestations d’hostilité.

Aucune capitale d’un pays musulman, même ceux eux-mêmes aux prises avec le terrorisme, n’a manifesté en hommage aux victimes de la tuerie à Charlie Hebdo. Mais des dirigeants politiques, à Ankara, à Riyad, Islamabad ou Doha, l’avaient regrettée, voire condamnée. Certains Etats avaient même envoyé des représentants, y compris au plus haut niveau, comme le roi Abdallah de Jordanie, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, à la grande marche de Paris. Avec la publication d’une nouvelle caricature de Mahomet en une de Charlie, le vent a complètement tourné : cette fois, on ne compte plus les manifestations, certaines très violentes, pour condamner l’outrage fait au Prophète.

Drapeaux brûlés. Avec le Niger (lire ci-contre), c’est au Pakistan que les manifestations ont été les plus violentes. Dimanche, dans ce pays où tout ce qui est assimilé au blasphème est puni de mort, des milliers de Pakistanais, proches de partis religieux mais aussi laïcs, continuaient de défiler dans les grandes villes du pays, scandant des slogans hostiles, dont «Mort à Charlie Hebdo» ou «Si tu es Charlie, alors je suis Kouachi». Des drapeaux français ont aussi été brûlés. Au Parlement, les députés ont dénoncé à l’unanimité cette nouvelle caricature, tout comme le Premier ministre, Nawaz Sharif. A Karachi, la contestation avait déjà tourné à l’affrontement, vendredi, devant le consulat français, où un photographe pakistanais de l’Agence France-Presse a été grièvement blessé par balle. A Peshawar, ville meurtrie dernièrement par un terrible massacre de 130 écoliers, un rassemblement - modeste - a eu lieu en hommage aux frères Kouachi.

Est-ce à cause de cette tuerie qui a bouleversé le Pakistan, ou des pénuries d’essence dans la province du Pendjab en plus des coupures de gaz et d’électricité courantes, mais il n’y a pas eu, pour le moment, de (...)

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