Une militante américano-turque tuée en Cisjordanie, Ankara accuse Israël

Un personnel de santé administre un vaccin anti-polio à un enfant à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 septembre 2024, sur fond de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas (Bashar TALEB)
Un personnel de santé administre un vaccin anti-polio à un enfant à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 septembre 2024, sur fond de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas (Bashar TALEB)

Une militante américano-turque a été tuée vendredi lors d'une manifestation contre la colonisation à Beita en Cisjordanie occupée, où l'armée israélienne a reconnu avoir ouvert le feu, Washington déplorant sa mort "tragique" et Ankara condamnant une "intervention barbare d'Israël".

Ailleurs en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, l'armée israélienne s'est retirée de la ville de Jénine après une "pause", selon un responsable, dans ses opérations meurtrières menées depuis le 28 août contre les groupes armés palestiniens.

A Beita, dans le nord de la Cisjordanie, une militante ayant la nationalité américaine et turque, Aysenur Ezgi Eygi, a été mortellement blessée d'une balle à la tête, selon l'hôpital Rafidia de la ville proche de Naplouse.

Selon le Bureau des droits de l'Homme de l'ONU, "les forces de sécurité israéliennes ont tué une militante américaine de 26 ans à Beita, en tirant une balle qui l'a atteinte à la tête alors qu'elle participait à une manifestation pacifique" contre la colonisation israélienne.

L'armée israélienne a indiqué que des soldats dans le secteur avaient "répondu par des tirs en direction de l'instigateur principal de violences qui avait lancé des pierres sur les (militaires) et présentait une menace pour eux".

L'armée "examine des informations selon lesquelles une ressortissante étrangère a été tuée du fait de coups de feu tirés dans la zone", a-t-elle ajouté.

- "Barbare" -

Principal allié d'Israël, les Etats-Unis ont déploré la mort de la jeune femme et ont réclamé une enquête, selon la Maison Blanche. "Lorsque nous aurons plus d'informations (...) nous agirons en conséquence", a déclaré le secrétaire d'Etat Antony Blinken.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a "condamné une intervention barbare d'Israël contre une manifestation contre l'occupation en Cisjordanie" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi.

La jeune femme était membre du International Solidarity Movement (ISM), une organisation propalestinienne, et se trouvait à Beita pour participer à une manifestation hebdomadaire contre l'expansion des colonies israéliennes, a indiqué à l'AFP Neta Golan, cofondateur de cette ONG. Ces colonies sont illégales aux yeux du droit international.

Témoin de la scène, un militant de l'ISM qui a requis l'anonymat a parlé d'un "tir pour tuer", déclarant à l'AFP avoir vu du "sang couler de la tête" de la victime.

Dans un incident séparé près de Beita, une adolescente palestinienne de 12 ans a été tuée par des tirs de soldats israéliens, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne. Elle se trouvait dans sa chambre quand elle a été touchée par balle, d'après son père.

Depuis le début de l'opération israélienne à Jénine le 28 août, 36 Palestiniens ont été tués, dont des enfants et des vieillards, d'après le même ministère et l'ONU.

L'armée israélienne a fait état de "35 terroristes éliminés" et d'un soldat tué.

Les violences ont flambé en Cisjordanie depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre.

Plus de 660 Palestiniens ont été tués depuis en Cisjordanie par des tirs de soldats ou colons israéliens, selon des données du ministère palestinien de la Santé.

Au moins 23 Israéliens, dont des soldats, y ont péri dans des attaques palestiniennes ou dans des opérations militaires, selon des données officielles israéliennes.

- 12e mois de guerre à Gaza -

Dans la bande de Gaza, séparée de la Cisjordanie par le territoire israélien et où sont assiégés quelque 2,4 millions d'habitants, la guerre, qui entre samedi dans son 12e mois, ne connaît pas de répit.

L'armée israélienne y poursuit une campagne aérienne et terrestre de représailles et au moins deux Palestiniens ont été tués vendredi à Beit Lahia (nord), selon la Défense civile.

Les Etats-Unis ne cessent d'appeler Israël et le Hamas à finaliser un accord de cessez-le-feu associé à une libération d'otages israéliens retenus à Gaza, après des mois de négociations infructueuses sous l'égide des médiateurs qatari, égyptien et américain.

Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme un mouvement terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort côté israélien de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.

Les opérations israéliennes, qui ont provoqué une catastrophe humanitaire et sanitaire à Gaza, y ont fait 40.878 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. D'après l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des enfants.

bur-ila/tp