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Migrants à la dérive et «images flottantes»

Image de reconnaissance du bateau «abandonné à la mort», prise par un avion de patrouille français le 27 mars 2011.

Alors que les photos de bateaux surchargés circulent indéfiniment, celles de leurs naufrages restent étrangement invisibles, comme en mars 2011 au large de la Libye.

Depuis le début de la «crise migratoire» en Méditerranée, les médias internationaux sont submergés d’images d’embarcations surchargées qui franchissent les frontières maritimes de l’Union européenne. Essentiellement prises par des gardes-frontières ou gardes-côtes ainsi que par des journalistes embarqués, ces images circulent indéfiniment, si bien qu’il n’y a souvent plus la moindre référence au contexte dans lequel elles ont été prises. Elles deviennent des «images flottantes», ainsi que les qualifie Hito Steyerl, passant d’un article à l’autre, perpétuellement dispersées comme les migrants qu’elles montrent. Circulant à l’infini, elles renforcent l’impression d’une invasion que certains chercheurs ont déconstruite comme étant un mythe.

Mais les images des interceptions de migrants en mer s’inscrivent dans un régime d’(in)visibilité ambivalent opérant aux frontières maritimes de l’UE, qui dissimule autant qu’il donne à voir. Ce que masque le spectacle de la «protection» des frontières, c’est la production d’une illégalité via des politiques d’exclusion, qui obligent les migrants à recourir à des moyens clandestins pour franchir les frontières, ainsi que les violations des droits des migrants en mer, loin du regard du public. Lorsqu’il existe des images témoignant de la violence aux frontières, les Etats font tout pour qu’elles restent invisibles.

C’est le cas du drame du bateau «abandonné à la mort», sur lequel nous avons enquêté en collaboration avec des organisations non gouvernementales menées par le Groupe d’information et de soutien des immigrés et par la Fédération internationale des droits de l’homme. En mars 2011, au moment même de l’intervention militaire en Libye menée par l’Otan, une embarcation transportant 72 migrants qui fuyaient le pays a dérivé durant quinze jours en Méditerranée sans (...)

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