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Migrants: La CSU veut surmonter ses divergences avec Merkel

Le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer a estimé dimanche que le contentieux qui oppose son parti, la CSU appartenant à la coalition gouvernementale en Allemagne, et la chancelière Angela Merkel à propos des migrants était grave mais qu'il pouvait être surmonté. /Photo prise le 15 juin 2018REUTERS/Michele Tantussi

par Madeline Chambers et Andreas Rinke

BERLIN (Reuters) - Le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer a estimé dimanche que le contentieux qui oppose son parti, la CSU appartenant à la coalition gouvernementale en Allemagne, et la chancelière Angela Merkel à propos des migrants était grave mais qu'il pouvait être surmonté.

L'Union chrétienne sociale, branche bavaroise de l'Union chrétienne démocrate (CDU) de Merkel, a décidé lundi d'adopter un projet imaginé par Seehofer visant à refouler les migrants déjà enregistrés dans d'autres pays de l'Union européenne.

Angela Merkel s'oppose à cette initiative unilatérale contraire à la politique libérale qu'elle a menée à l'égard des réfugiés depuis 2015 et qui est de nature à affaiblir son pouvoir de chef du gouvernement.

Ce contentieux est susceptible de provoquer une importante ligne de fracture dans la coalition gouvernementale et de remettre en cause le système de libre circulation des personnes à l'intérieur de l'espace Schengen.

"La cohésion de l'Europe tout autant que la cohésion de l'Allemagne sont en jeu. La situation est grave mais elle peut être surmontée", affirme Horst Seehofer dans un article publié dimanche par le Frankfurter Allgemeine.

Le ministre y réaffirme vouloir le droit d'expulser des ressortissants étrangers d'Allemagne mais insiste sur la nécessité d'une solution au niveau européen.

"Il est crucial que le sommet européen fin juin parvienne à un accord qui reconnaisse le fardeau allemand dans la politique migratoire", dit-il.

L'Union européenne, poursuit-il, doit garantir la protection des frontières extérieures du bloc communautaire, une répartition équitable des étrangers autorisés à résider en Europe et un rapide retour vers leur pays de ceux qui ne disposent pas de ce droit.

Des sources anonymes à la direction de la CSU, citées par le journal Bild, affirmaient que la formation bavaroise allait donner un délai de deux semaines à Merkel, jusqu'au Conseil européen des 28 et 29 juin, pour apporter une solution européenne à la question des migrants.

DISCUSSIONS AVEC L'UE

A défaut, la CSU mettrait en oeuvre son projet dans le Land de Bavière et commencerait à renvoyer des migrants enregistrés dans d'autres pays de l'UE, précisaient ces mêmes sources.

Le secrétaire général de la CSU, Markus Blume, a démenti les informations de Bild, affirmant qu'il "n'y avait pas d'accord en ce sens".

Angela Merkel veut organiser une réunion avec certains Etats européens pour discuter de cette question avant le Conseil européen des 28 et 29 juin, a annoncé son porte-parole, Steffen Seibert.

Il a toutefois réfuté les informations de Bild selon lesquelles la chancelière souhaitait organiser un sommet spécial sur la politique migratoire, rappelant qu'une telle rencontre relevait des institutions européennes.

"Bien sûr, le gouvernement allemand discute avec plusieurs Etats membres et avec la Commission européenne", a-t-il écrit sur Twitter.

Les États de l'UE sont divisés sur la façon de traiter le flux de personnes fuyant la guerre et la misère qui arrivent en Europe. La question a été relancée par le refus de l'Italie et de Malte d'accueillir l'Aquarius, un navire humanitaire ayant recueilli plus de 600 migrants en mer.

Angela Merkel estime que la politique migratoire ne peut être décidée et mise en œuvre efficacement qu'au niveau européen.

Angela Merkel a demandé aux conservateurs bavarois de lui donner deux semaines pour conclure des accords bilatéraux avec certains pays, comme l'Italie et la Grèce. Ces accords seraient du même genre que l'accord conclu entre la Turquie et l'UE en 2016, par lequel la Turquie s'est engagée à ne pas laisser passer les migrants vers l'Union européenne en échange de certains avantages.

(Madeline Chambers; Danielle Rouquié et Nicolas Delame pour le service français)