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Migrants: La Commission croit en un accord, des diplomates de l'UE moins

La Commission européenne a fait part lundi de son optimisme quant à l'obtention d'un accord sur les questions migratoires lors du Conseil européen de Bruxelles dans dix jours, ce dont des diplomates européens doutent grandement. /Photo prise le 2 mai 2018/REUTERS/François Lenoir

par Gabriela Baczynska

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a fait part lundi de son optimisme quant à l'obtention d'un accord sur les questions migratoires lors du Conseil européen de Bruxelles dans dix jours, ce dont des diplomates européens doutent grandement.

L'immigration s'est imposée comme une question majeure du prochain Conseil européen après que l'Union chrétienne-sociale (CSU), membre de la coalition au pouvoir en Allemagne et qui veut durcir la politique migratoire allemande, a fixé à la chancelière Angela Merkel le sommet européen comme date butoir pour trouver un accord sur les questions migratoires avec les membres de l'Union européenne.

Depuis le début de la crise migratoire en 2014, la question de l'immigration a divisé les Etats membres, des pays en première ligne comme l'Italie et la Grèce demandant à leur homologues de contribuer davantage à l'accueil des migrants.

L'Allemagne, qui a accueilli plus de 1,6 million de migrants depuis 2014, prône la mise en oeuvre d'une politique migratoire au niveau européen, partageant le souhait émis notamment par la France et la Suède que tous les pays membres accueillent une partie des migrants arrivant dans l'UE.

Cependant les anciennes nations communistes d'Europe de l'Est, en premier lieu la Pologne et la Hongrie, refusent de laisser entrer sur leurs territoires les migrants, majoritairement musulmans, en évoquant des raisons de sécurité après la vague d'attentats qui ont frappé l'Europe et une menace pour l'homogénéité de leur culture.

"Seul un accord au niveau européen peut résoudre la question. Nous sommes très confiants, nous avons sur la table tous les éléments qui pourraient faciliter un accord lors du Conseil européen", a déclaré le porte-parole de la présidence de la Commission européenne lors d'une conférence de presse.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'entretiendra sur les questions migratoires mardi avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron, a précisé Margaritis Schinas.

Après trois années de querelles accrues, Bruxelles a récemment ouvert des discussions sur un compromis visant à réduire d'un quart le quota d'accueil imposé aux capitales réticentes à accueillir des migrants. Elles pourraient être autorisées à choisir individuellement les migrants qu'elles accueillent ou à offrir 30.000 euros à un autre pays d'accueil de l'UE pour chaque personne refusée.

Mais, pour la Pologne et la Hongrie, le nombre de migrants à accueillir reste une obligation inacceptable, tandis que l'Italie et la Grèce trouvent les propositions insuffisantes pour alléger leur fardeau.

"Un accord sur les migrants lors du prochain sommet de l'UE est improbable", a déclaré un diplomate.

L'Union européenne pourrait opter pour un vote à la majorité afin de contourner les réticences des pays de l'Est, a annoncé le porte-parole de la Commission, une démarche possible légalement mais délicate d'un point de vue politique.

Les accords établis avec la Turquie et la Libye pour empêcher les bateaux de migrants de naviguer vers l'Europe ont entraîné une baisse des arrivées, mais ont été vivement critiqués par des groupes de défense des droits de l'homme qui estiment que les souffrances des migrants sont ainsi accrues.

(Avec Tsvetelia Tsolova à Sofia, Jean Terzian pour le service français)