Migrants: une grève de la faim pour dénoncer le harcèlement quotidien des exilés à Calais
À Calais, dans le nord de la France, ville frontière avec la Grande-Bretagne de l'autre côté de la Manche, cela fait 11 jours qu'un prêtre et deux militants associatifs ont cessé de s'alimenter pour dénoncer les conditions de vie des 1 000 à 1 500 migrants, installés dans des camps de fortune à la lisière de la ville. Ils dénoncent le harcèlement quotidien des forces de l'ordre et la destruction quasi-systématique des biens des exilés.
Avec notre envoyée spéciale à Calais, Marie Casadebaig
Une table avec quelques boissons chaudes, des lits de camp, les trois grévistes de la faim ont trouvé un petit coin dans l’église Saint-Pierre pour s’installer. « C’est l’ancienne chapelle mortuaire. »
Le père du Philippe Demesteere nous emmène dans une pièce au calme, alors que des funérailles ont commencé. « De toute façon, dit-il, le mental est très haut, parce qu’il s’agit bien de montrer qu’on a une énergie à revendre sur l’objet de notre demande. »
L’aumônier et les deux militants associatifs réclament que la trêve hivernale, qui empêche les expulsions locatives, s’applique aussi aux personnes exilées.
À Calais et dans sa périphérie, les forces de l’ordre interviennent quotidiennement pour évacuer les tentes et les abris de fortune. « Le but de cette politique c’est de ne leur donner aucun répit. Donc il y a une usure physique, mentale, etc., qui est inadmissible en France. »
Réfléchir autrement
Le père Demesteere espère, par son geste, inviter à une autre réflexion sur une problématique vieille de plus de vingt ans à Calais. « Il est important que sur cette question des migrations, il y ait une convention citoyenne, parce que c’est une question trop importante pour qu’on la laisse aux seuls politiciens et à leurs calculs », poursuit-il.
Le prêtre se fixe une date pour penser à la suite de son mouvement : le 2 novembre, lendemain de l’entrée en vigueur de la trêve hivernale. Tout dépendra de l’action des forces de l’ordre ce jour-là.
La sous-préfète est venue à leur rencontre la semaine dernière mais n'a pas pu accéder à leur revendication. Une nouvelle rencontre est prévue ce vendredi.
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