Le micro et les ciseaux

Livre . Petite histoire de la chanson censurée, des Poilus à The Cure.

Il y a de multiples façons de risquer la censure avec une chanson, et c’est ce que raconte cet ouvrage qui partage ses 100 morceaux interdits de radio en six sections : trop cul, trop déserteur, trop politiquement incorrect, trop politique, trop drogué ou trop anticurés.

On passe vite sur les classiques, la Chanson de Craonne, Killing an Arab de The Cure ou la Marseillaise reggae de Gainsbourg, pour découvrir plutôt des censures oubliées. Qui se souvient ainsi que Mellow Yellow, de Donovan (1966), fut accusé d’incitation à la pédophilie («I’m just mad about Fourteen…») et à la luxure (les «electrical bananas» n’ont trompé personne) ?

Et Non, je ne regrette rien,d’Edith Piaf en 1960 ? La chanson passe sur Nostalgie sans soulever le moindre sourcil, mais elle fut interdite d’ondes par le pouvoir gaulliste. On est au milieu des négociations qui mèneront à l’indépendance de l’Algérie, quand les soldats du 1er régiment étranger de parachutistes se joignent aux putschistes d’Alger avec, en guise d’hymne de marche, leur version qui éclabousse l’original : «Non je ne regrette rien/ Ni le mal qu’on m’a fait/ Ni la prise du corps d’armée d’Alger.»

Dans un autre genre, le chanteur oubliable Claude Barzotti avait enregistré pour une comédie musicale le morceau la France aux Français. Un texte caricatural qui devait être chanté par le facho de la pièce, qui n’a jamais existé. La chanson a fuité en 1999 pour devenir un tube de l’extrême droite, ce qui pourrit depuis la carrière du «Rital» pourtant tout à fait inoffensif.

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